La crise de la filière lait ne semble pas tirer à sa fin, bien au contraire. Les solutions prônées par le gouvernement n'ont apparemment rien changé et les menaces des professionnels du secteur privé commencent à se sentir. Le sachet de lait se fait de plus en plus rare dans la capitale. La flambée des prix de la poudre de lait sur le marché mondial est venue se greffer aux autres problèmes déjà existants en Algérie créant une véritable situation de crise pour la filière. En effet, pour les producteurs, le prix de revient d'un sachet de lait pasteurisé est de 51 dinars et son prix de vente sur le marché est fixé par le gouvernement à 25 dinars. Les autorités se sont engagées à prendre en charge la différence. Chose qui a été faite les trois premiers mois, soit mars, avril et mai et qui n'a apparemment pas changé grand chose. L'Etat a, effectivement, remboursé les producteurs privés à hauteur de 15 dinars pour chaque litre de lait produit. Or, ces derniers exigent une subvention de pas moins de 30 DA pour chaque litre de lait produit. Ce qui n'a pas été du goût de l'Etat qui, rappelons-le, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour l'année 2007, le département de Karim Djoudi a procédé, dans le cadre d'un réajustement budgétaire, à la mobilisation de quelque 43 milliards de dinars destinés à la couverture de charges supplémentaires, dont la subvention et l'appui des producteurs de lait. Dans leur récente déclaration, les responsables du ministère des Finances ont expliqué que le retard pris par le transfert des subventions n'est qu'une question technique liée à l'étude des dossiers avant le versement des sommes définies pour chaque producteur. En tout cas, cette crise, qui persiste depuis le mois de mars dernier, a fini par affecter, en plus du lait pasteurisé, la production des produits laitiers dérivés. C'est ainsi que des produits comme des fromages, constamment touchés par des pénuries et des augmentations des prix, ont commencé à manquer avec la rupture du cycle de production au niveau des unités du groupe public Giplait qui, durant plusieurs semaines, se sont consacrées exclusivement à la production de lait pasteurisé. Le lait en poudre, sur lequel les ménages se sont rabattus ces derniers temps, a connu, à son tour, une hausse des prix et ceci n'a pas manqué de se répercuter lourdement sur le pouvoir d'achat des familles algériennes, particulièrement celles ayant un faible revenu. Une boîte de lait en poudre dépasse, ainsi, le seuil des 200 dinars sur le marché de détail. Le pot de yaourt est cédé à 15 DA. La boîte de lait Candia est, quant à elle, cédée à pas moins de 75 DA. Le petit lait (lben), très prisé par les Algériens, est vendu à 55 DA le litre en sachet et 75 DA en bouteille. Il faut savoir que l'Algérie est le premier consommateur de lait au Maghreb avec 3,7 milliards de litres par an. La production nationale annuelle est actuellement de l'ordre de 2,6 milliards de litres. Le taux de couverture par la production locale est de 40 %. Le reste est importé sous forme de poudre de lait. L'Algérie se place ainsi au troisième rang mondial en matière d'importation de lait et de produits laitiers, après l'Italie et le Mexique. Le recours à l'importation est d'autant plus nécessaire, lorsque l'on sait que le taux de la collecte du lait dans le pays demeure faible, voire insignifiant, ne dépassant pas 10 à 15% de la traite. L'intervention de l'Etat, au niveau de la filière lait en Algérie, a porté essentiellement sur un élargissement du marché par des mesures de soutien des prix à la consommation, négligeant ainsi l'intensification de la production laitière en amont.