Les poètes algériens versés dans le genre qacida révolutionnaire melhoun "avaient un lien étroit avec le peuple" durant la colonisation française, ont relevé, samedi dernier, à Tissemsilt, les participants à la rencontre sur "La poésie populaire révolutionnaire", organisée au quatrième jour du festival national de la poésie populaire et du chant bédoui. Ces intervenants ont indiqué que la qacida déclamée en melhoun exprimait les souffrances du peuple algérien sous le joug colonial qui pesait sur eux durant 132 ans. L'universitaire à l'institut de littérature arabe de Tissemsilt, l'enseignant de la critique moderne M. Rachid Morsi, a affirmé, à ce propos, que la poésie populaire "a exprimé, bien avant le déclenchement de la glorieuse révolution, les souffrances du peuple et son refus catégorique de l'occupation coloniale, décrivant avec exactitude les affres du colonialisme et la situation tragique endurée par le peuple, situation marquée par la pauvreté, la famine, les déplacements forcés, la torture et le génocide". Les poètes qui ont émergé avant et pendant la Révolution pour la libération du pays de toute domination et asservissement ont transmis avec honnêteté et objectivité les conditions sociales, politiques et économiques de cette période". Il a déploré toutefois le fait que la poésie populaire post-indépendance ait été "dépourvue d'art, d'inspiration et d'esthétique". Pour sa part, Mohamed Belhocine, professeur de littérature ancienne dans le même institut, a soutenu, pour sa part, que la poésie populaire révolutionnaire algérienne "a vu son apogée au cours des années de la glorieuse Révolution renforçant ses liens avec le peuple et la nation." Pour sa part, Mustapha Derouache, enseignant de la critique et des méthodologies à l'université de Tizi-Ouzou a mis en exergue le rôle des marchés populaires qui constituaient un espace approprié pour les poètes de la qacida du genre melhoun "pour transmettre des messages codés au peuple algérien les appelant à résister contre l'occupation coloniale et à se réunir autour de la révolution". Dr. Derouache a souligné, dans ce sens, le rôle des poètes du melhoun dans la sensibilisation des citoyens à la révolution et l'ancrage du sens du patriotisme dans leur cœur. Le conférencier a également fait observer que la poésie populaire fut incarné, lors de la glorieuse guerre de libération nationale, par le personnage du "berrah" ou "goual" (conteur) qui abordait, dans des poèmes et dans des styles comique et sérieux, la situation désastreuse endurée par la population à cette époque, appelant à l'union pour affronter le colonialisme. Pour rappel, plus de 90 poètes et quelque 30 troupes versées dans la chanson bédouine ont pris part au festival national de la poésie populaire et la chanson bédouine, organisé à la maison de la Culture "Mouloud Kacim Nait Belkacem" de Tissemsilt.