La raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, près de Rouen, pourrait bénéficier d'un nouveau sursis après l'annonce, hier matin, par Arnaud Montebourg de l'entrée en lice d'un fond libyen qui doit "examiner" le dossier. Hier, les salariés attendaient avec inquiétude l'expiration du délai pour le dépôt des offres de reprise de leur entreprise fixé à 17H00 par le tribunal de commerce. Mais la date limite pourrait être repoussée après l'annonce sur RTL par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, de l'intérêt marqué par un fonds souverain libyen. "Je vais demander au tribunal de commerce de surseoir à statuer pour prendre le temps qu'il faut pour permettre à nos amis libyens d'éventuellement investir dans cette raffinerie", a précisé le ministre. Pour appuyer la reprise de l'entreprise, mise en liquidation le 16 octobre, la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC-CGT) a appelé à une journée de grève nationale dans toutes les raffineries et les dépôts pétroliers. "Cet appel est un premier avertissement lancé en direction du gouvernement et des pétroliers", a prévenu Charles Foulard, secrétaire général de la FNIC. Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC, a précisé que, sur le site de Petit-Couronne, les opérateurs grévistes ont été "réquisitionnés" par la direction et que les unités n'ont pas été arrêtées durant la grève. "Solution de reprise" Localement, le mouvement est soutenu par les partis de gauche et les syndicats qui ont appelé à une journée "ville morte" à Petit-Couronne et Grand-Couronne avec fermeture des magasins durant deux heures et rassemblement à midi devant la raffinerie. Le tribunal de commerce a rejeté le 16 octobre les deux seules offres de reprise en lice, déposées respectivement par Alafandi Petroleum Group (APG), basé à Hong Kong, et NetOil, dont le siège est à Dubaï. Ces candidats prévoyaient tous deux de conserver tous les salariés et d'investir lourdement sur le site mais le tribunal a estimé qu'ils ne présentaient pas de garanties suffisantes. NetOil, qui a l'appui de l'intersyndicale, a aussitôt annoncé qu'il déposait une nouvelle offre, enrichie, de nature à "répondre aux interrogations du tribunal". De son côté, le gouvernement a fait savoir, depuis l'annonce de la liquidation, qu'il poursuivait ses efforts pour "faire aboutir une solution de reprise" tout en travaillant avec les acteurs de la filière au "repositionnement industriel" de cette raffinerie ouverte en 1929. Selon Yvon Scornet, le tribunal ne prendra pas de décision, hier, mais devrait enregistrer les offres éventuelles et fixer la date d'une nouvelle audience pour débattre de leur contenu. Le tribunal dispose encore d'un peu de temps, la période d'observation ouverte le 24 janvier, après le dépôt de bilan de l'entreprise, ayant été prolongée jusqu'au 15 décembre.