Total a annoncé, hier, un nouvel objectif de production d'ici à 2015, tablant sur une hausse annuelle de 3% en moyenne malgré une stabilité attendue cette année, et a dévoilé un programme de cessions sur trois ans, à l'occasion d'une journée dédiée aux investisseurs à Londres. Le groupe pétrolier français vise désormais une hausse de 3% par an en moyenne de sa production de pétrole et de gaz de 2011 à 2015, a précisé Total dans un communiqué. Le groupe tablait auparavant sur 2,5% par an en moyenne entre 2010 et 2015. Sur la période 2011-2015, cette croissance, de 3% par an en moyenne, sera alimentée en totalité par des projets déjà en production ou en phase de développement, a assuré Total. Ce nouvel objectif fait suite à une série d'incidents qui ont pesé sur la production du groupe depuis le début de l'année, et vont entraîner une stagnation de celle-ci en 2012, en particulier l'importante fuite de gaz qui a interrompu depuis fin mars l'extraction du gisement gazier d'Elgin, en mer du Nord britannique. Le géant pétrolier français a également été pénalisé par une autre fuite sur un puits au Nigeria et par les sabotages à répétition d'un gazoduc, Yemen LNG, qu'il co-exploite au Yémen. Le groupe s'est de plus fixé pour objectif de porter sa production d'hydrocarbures à 3 millions de barils par jour d'ici 2017, et il a indiqué que 70% des projets qui permettront d'atteindre ce niveau sont déjà en production ou en cours de développement. Le géant pétrolier français a par ailleurs annoncé viser un résultat net de 650 millions de dollars d'ici 2015, grâce à la restructuration annoncée l'an dernier de ses activités de raffinage et de chimie. Viser des gains annuels de productivité de 650 millions de dollars dans le raffinage-chimie Total vise des gains annuels de productivité de 650 millions de dollars d'ici 2015 grâce à la restructuration annoncée l'an dernier de ses activités de raffinage et de chimie, a annoncé le groupe pétrolier français. La restructuration en cours du raffinage-chimie devrait dégager des synergies et des gains d'efficacité qui ajouteront annuellement 650 millions de dollars au résultat net d'ici 2015, a indiqué le groupe dans un communiqué, publié dans le cadre d'une journée investisseurs à Londres. Acquisition de 40% d'un contrat de production au large du Mozambique Le groupe pétrolier Total a acquis une participation de 40% dans un contrat de partage de production de deux blocs offshore situés au large du Mozambique, selon un communiqué publié, hier. Cette participation a été acquise auprès de la société nationale malaisienne Petronas, pour un montant non précisé. Le forage d'un puits d'exploitation est prévu d'ici à la fin de l'année, a ajouté Total. Ces deux blocs couvrent une superficie de 15 250 km2, dans le sud du bassin de la Rovuma, zone qui pourrait avoir un potentiel " huile " aussi important que celui démontré pour le gaz plus au nord (du bassin), a affirmé Jacques Marraud des Grottes, directeur Afrique de la branche exploration-production de Total, cité dans le communiqué. L'opération reste soumise à l'approbation des autorités du Mozambique. Espérer toujours reprendre la production à Elgin avant fin 2012 Total espère toujours reprendre d'ici la fin de l'année la production sur le gisement gazier d'Elgin en mer du Nord britannique, interrompue depuis la fuite de gaz qui avait conduit à son arrêt fin mars, a annoncé, hier, le groupe pétrolier. Nous travaillons en vue de reprendre graduellement la production d'ici la fin de l'année, mais au bout du compte, la décision reviendra aux autorités britanniques, a déclaré le directeur financier du groupe Patrick de la Chevardière, lors d'un point de presse en marge de la journée investisseurs du groupe à Londres. Le groupe est en train de procéder aux opérations visant à sceller définitivement le puits défaillant à l'origine de la fuite, et procède parallèlement au rebouchage d'autres puits abandonnés sur le gisement voisin de Franklin, a-t-il expliqué. La plate-forme d'Elgin avait été évacuée le 25 mars après la détection d'une fuite qui a relâché jusqu'à 200 000 m3 de gaz naturel par jour, sans provoquer de dégâts humains ni environnementaux, à l'exception d'une émission accrue de gaz à effets de serre. Le puits défectueux à l'origine de cette fuite a été colmaté en mai.Cette fuite de gaz, plus gros incident en mer du Nord depuis au moins 10 ans, selon Total, avait fait chuter le cours de Bourse du groupe. En mai, le P-DG Christophe de Margerie avait chiffré l'incident entre 300 et 400 millions de dollars (230 à 310 millions d'euros). L'arrêt de l'exploitation d'Elgin et du champ voisin de Franklin (également interrompue depuis fin mars), au large de l'Ecosse, a provoqué une perte de production d'environ 50 000 barils équivalents pétrole par jour. Le groupe avait estimé son manque à gagner sur le seul deuxième trimestre à 130 millions de dollars (environ 106 millions d'euros). Pas d'offres sérieuses pour Petroplus Petit-Couronne Un responsable de Total a jugé, hier, que les offres de reprise de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, en Seine-Maritime, n'étaient pas "extrêmement sérieuses" et que les deux candidats, APG et NetOil, étaient inconnus dans le secteur, ajoutant aux doutes qui pèsent sur ces sociétés. "Quand je vois le nom des acquéreurs (potentiels, ndlr), je ne suis pas certain que ces offres soient extrêmement sérieuses", a déclaré le directeur financier du groupe Patrick de la Chevardière à des journalistes, en marge de présentations aux investisseurs à Londres. "Je ne peux pas faire de commentaires à propos de ces personnes, mais nous ne les connaissons pas, ce qui est curieux", s'est-il contenté d'ajouter. Le tribunal de commerce de Rouen doit statuer le 2 octobre sur le sort de la raffinerie de Petit-Couronne. Deux candidats sont pour le moment en lice: Alafandi Petroleum Group (APG) basé à Hong-Kong et NetOil dont le siège est à Dubaï. Mais de nombreux doutes sont apparus ces dernières semaines sur la crédibilité de ces deux sociétés, et le tribunal leur a demandé de fournir d'ici cette date-limite des preuves de leur capacité technique et financière à reprendre et exploiter le site. Ouverte en 1929, cette raffinerie de 550 salariés a été placée en redressement judiciaire le 24 janvier à la suite de la faillite de sa maison mère, le raffineur suisse Petroplus. L'Irak n'a pas encore demandé à Total de sortir du gisement d'Halfaya Le gouvernement irakien n'a pas demandé pour le moment à Total de se retirer du gisement d'Halfaya qu'il co-exploite dans le sud du pays, comme il avait menacé de le faire à l'entrée du pétrolier dans l'exploration pétrolière au Kurdistan, a assuré, hier, le groupe français. Nous avons entendu des responsables de Bagdad mécontents du fait que nous nous lancions au Kurdistan, mais, pour ce que j'en sais, ils ne nous ont pas demandé de quitter Halfaya, a déclaré le directeur financier du groupe Patrick de la Chevardière, lors d'un point de presse en marge de la journée investisseurs du groupe à Londres. Le directeur financier a par ailleurs relativisé la perte que représenterait ce gisement situé dans le sud de l'Irak, si le groupe était contraint d'en sortir. De toute façon, Halfaya n'est pas un projet très lucratif. Au bout du compte, ce ne serait pas très grave si Total devait en partir, a-t-il dit. L'Irak a posé le 12 août un ultimatum à Total, en sommant la compagnie française de rompre ses liens avec le Kurdistan irakien, ou de vendre ses parts dans Halfaya, en représailles à l'obtention par le groupe de plusieurs permis d'exploration dans la province autonome. Total avait remporté en 2009 un appel d'offres pour le développement et l'exploitation de ce gisement pétrolier majeur situé dans le sud de l'Irak, dans le cadre d'un consortium avec des compagnies asiatiques. La production de ce gisement géant, qui recèle des réserves connues de 4,1 milliards de barils, a commencé officiellement le mois dernier, et elle devrait atteindre 535 000 barils de pétrole par jour d'ici cinq ans. Mais les contrats de partage de production proposés par le Kurdistan sont beaucoup plus lucratifs que les contrats de service du gouvernement fédéral, comme celui de Halfaya, qui sont eux basés sur un prix fixe par baril de brut. Du coup, les compagnies pétrolières étrangères sont de plus en plus tentées de passer outre l'ire de Bagdad et de s'installer au Kurdistan.