Les prix du pétrole baissaient légèrement, hier, en cours d'échanges européens, débutant la semaine sur une note prudente en dépit des solides chiffres sur la demande chinoise de brut publiés pendant le week-end, les opérateurs redoutant toujours un blocage politique aux Etats-Unis. À la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre valait 109,14 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en recul de 26 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance cédait 11 cents à 85,96 dollars. Après avoir tenté de se reprendre vendredi, l'élan du marché pétrolier s'est essoufflé, assombri par des échanges témoignant du différend sur les hausses d'impôts entre le Président démocrate Barack Obama réélu la semaine dernière et le président républicain de la Chambre des représentants John Boehner, expliquait David Hufton, analyste du courtier PVM. M. Obama a exigé vendredi que les Américains les plus aisés acquittent davantage d'impôts pour lutter contre le déficit, alors que M. Boehner a réitéré le même jour sa vive opposition à toute hausse d'impôts qui ralentirait notre capacité à créer les emplois. Les élections du 6 novembre ont reconduit l'équilibre politique à Washington (Sénat et Présidence démocrates et Chambre des représentants aux mains des Républicains) et les investisseurs redoutent un blocage politique sur le budget, qui conduirait début janvier à des coupes budgétaires automatiques et massives, susceptibles de miner une économie américaine encore convalescente. Comme le scrutin n'a rien changé et que le Congrès est toujours divisé, peu importe qu'on reste confiant dans le fait qu'un accord sera in fine trouvé pour éviter ce +mur budgétaire+, même les plus optimistes (des opérateurs) doivent reconnaître que les discussions à venir seront longues et difficiles, et que rien ne peut être tenu pour acquis, soulignait M. Hufton. De son côté, l'Europe ajoute encore à la morosité ambiante, ajoutait l'analyste. Les investisseurs surveillaient ainsi particulièrement, hier, la situation de la Grèce, avant le début d'une réunion à Bruxelles des ministres des Finances des pays membres de la zone euro dont le principal sujet de discussion doit être la crise grecque. Le Parlement grec a adopté dans la nuit de dimanche à lundi un nouveau budget de rigueur portant sur l'année 2013 pour s'assurer la poursuite du soutien de ses bailleurs de fond internationaux. Cependant les chiffres solides publiés samedi sur les importations pétrolière de la Chine, premier pays consommateur de brut, pouvaient tout de même aider les cours du baril en limitant leur repli, estimaient les analystes de Commerzbank. Selon les chiffres des douanes chinoises, le géant asiatique a importé en octobre quelque 5,6 millions de barils par jour, en hausse de 18% par rapport à septembre et de 14% par rapport à octobre 2011, un niveau d'exportation jugé particulièrement soutenu par Commerzbank. De plus, le marché restait attentif à la montée des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, où l'armée israélienne a tiré dimanche des coups de semonce en direction de la Syrie après la chute d'un obus de mortier syrien dans la partie du Golan occupée par Israël, premier incident du genre depuis près de 40 ans. En Asie, le pétrole s'affichait en baisse dans les échanges matinaux, déprimé par la crise de la dette en Europe, où les plans d'austérité votés par les parlements et gouvernements pèsent sur la croissance. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre cédait 5 cents à 86,02 dollars dans les échanges matinaux, et le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance perdait 34 cents à 109,06 dollars.