Malgré un environnement difficile, le numéro deux allemand de l'énergie RWE a revu ses prévisions 2012 en légère hausse, contrastant avec la prudence affichée la veille par le numéro un allemand du secteur, EON. RWE a affiché au troisième trimestre un bénéfice net de 296 millions d'euros contre une perte de 174 millions d'euros l'an passé et sur neuf mois, un bénéfice net en hausse de 35% à 1,9 milliards d'euros. Des résultats qui tranchent avec ceux de son rival EON, qui a publié une perte nette de 179 millions d'euros entre juillet et septembre, contre un bénéfice net sur cette période l'an passé, même si le bénéfice net sur neuf mois s'est fortement amélioré. L'année 2011 avait été rude pour les deux groupes allemands d'énergie, puisque Berlin avait décidé d'accélérer l'abandon du nucléaire et de fermer les plus vieux réacteurs du pays, en réaction à la catastrophe de Fukushima au Japon. De fait, nous avions enregistré des charges exceptionnelles élevées liés à la " Energiewende " (la transition énergétique), qui ne se sont pas répétées en 2012, a souligné Peter Terium, patron de RWE. Si les deux groupes semblent depuis avoir digéré dans une certaine mesure cette sortie, ils font face désormais à des défis liés au contexte économique, qui pénalise leur activité en Europe, et à de nouvelles contraintes réglementaires. EON a toutefois surpris les investisseurs, lundi soir, en annonçant que ses objectifs pour 2013 et 2015 étaient désormais hors de portée, en raison des grandes incertitudes sur la conjoncture et le changement de contexte dans le secteur de l'énergie en Allemagne. Une annonce qui a valu, mardi dernier, à son titre de s'effondrer de 11,51% à 14,64 euros sur le marché francfortois et de poursuivre sa chute le lendemain (-2,02% à 14,35 euros). Jamais depuis la seconde guerre mondiale, nous n'avions observé un recul aussi rapide de notre distribution d'électricité, a affirmé, mardi dernier, Johannes Teyssen, patron de EON, constatant un effondrement de la demande en zone euro, et notamment dans les pays du sud de l'Europe où il est fortement implanté. EON a également fait les frais de l'explosion des énergies renouvelables en Allemagne, ce qui a tiré les prix et ses marges à la baisse sur le marché de l'énergie. De son côté, RWE s'est révélé moins affecté par ces évolutions au troisième trimestre. D'abord parce qu'il est moins présent qu'EON dans les pays du Sud de l'Europe, a rappelé Michael Schaefer, analyste pour la banque Equinet. D'autre part parce qu'il a enregistré des succès sur son marché intérieur, en Europe du Nord et dans ses activités gazières. Une progression qui lui a permis de réviser ses objectifs pour 2012 en légère hausse. Ces résultats sont clairement meilleurs que ce qu'attendait le marché. Pour autant, les questions économiques demeurent et les changements concernant le marché de l'énergie en Allemagne ne se sont pas envolées, ont souligné les analystes de la banque ING. Le groupe d'Essen, qui n'a pas pour habitude de s'épancher sur ses projets futurs, a fait peu de commentaires concernant ses prévisions pour 2013, affirmant simplement qu'elles restaient inchangées. En outre, les deux groupes sont tous deux engagés dans des programmes drastiques de réductions de coûts et de cessions d'actifs. EON a annoncé 11 000 suppressions de poste jusqu'en 2015, dans le cadre de son plan EON 2.0, et a fait savoir qu'il n'excluait pas la vente de plusieurs sites en Europe. De son côté, RWE a mené avec succès plusieurs cessions d'actifs, comme ses parts dans la régie d'eau de Berlin ou encore de la vente de sa coentreprise nucléaire avec EON, Horizon Nuclear Power, au Royaume-Uni. Il doit également supprimer près de 10 400 emplois d'ici fin 2014, à hauteur d'un tiers via des cessions, le reste au travers de plans sociaux.