Le médiateur dans la crise malienne, Blaise Compaoré, a reçu, hier, à Ouagadougou, pour la première fois, ensemble, des émissaires du pouvoir malien, du groupe armé Ansar Dine et du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touaregue) en vue de trouver une solution "négociée" au conflit dans le nord de ce pays. Il s'agit d'une nouvelle étape qui s'ouvre dans le dossier malien. Le président burkinabé Compaoré expliquera à ses hôtes son objectif : proposer une cessation complète des hostilités entre partie malienne et mouvements armés, présents dans le Nord, en contrepartie les acteurs doivent accepter la réunification du territoire et le renoncement à la charia, selon des sources proches de la médiation. Lundi, des discussions préliminaires se sont tenues à Ouagadougou entre une délégation du gouvernement malien et le président Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Conduite par le ministre des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly, la délégation de Bamako a rappelé ses conditions pour un dialogue, après un entretien avec M. Compaoré. "Nous agissons dans le cadre de la Constitution du Mali : la République est une et indivisible et elle est laïque, et à cet égard les revendications indépendantistes et autres, les tentatives d'installer une confession et une loi par la force ne peuvent pas prospérer au Mali", a souligné M. Coulibaly à l'issue de l'entretien avec le médiateur. Depuis plusieurs mois, M. Compaoré "a beaucoup discuté avec les uns et les autres dans le cadre de séances préparatoires. Je crois que le moment est venu de passer à une autre phase, c'est pour cela que nous sommes là", a encore expliqué le chef de la diplomatie malienne. "Nous aboutirons", a-t-il assuré. Il s'est cependant montré prudent sur les discussions d'hier, elles doivent selon lui seulement permettre d'examiner "les possibilités d'amorcer un dialogue". Ce qu'un autre membre de sa délégation Tiébilé Dramé, appelle une "phase pré-exploratoire". En vue des premières discussions conjointes avec des représentants du pouvoir malien, des représentants d'Ansar Dine et de la rébellion touaregue du MNLA se trouvent depuis ce week-end dans la capitale burkinabèe. Au moment où M. Comaporé tente d'obtenir une solution "négociée", une intervention armée africaine (plus de 3 000 hommes) se prépare pour déloger les islamistes armés du nord du Mali, une option rejetée par plusieurs pays dont l'Algérie. Par la voix du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, l'Algérie a récemment réaffirmé son opposition à une intervention militaire au Mali. "L'Algérie est contre une intervention militaire au Mali et préfère une solution pacifique et politique basée sur l'intégrité territoriale de ce pays et sur les négociations entre les populations du nord et les autorités centrales à Bamako en vue d'élargir les prérogatives et non pas les territoires", avait précisé le ministre. M. Ould Kablia avait ajouté que l'Algérie "déploie des efforts pour unifier la vision et le discours des partisans du mouvement Ansar Dine et des Touareg afin d'entamer le dialogue avec le gouvernement malien".