La première phase de la délicate opération de rachat de la dette grecque lancée, lundi dernier, est un succès et a atteint le but de rachat de 30 milliards d'euros fixé par Athènes, a affirmé, hier, la presse grecque. Selon le journal économique Naftemboriki, les détenteurs de dette étrangers ont offert de vendre près de 15 milliards d'euros, tandis que les banques grecques ont contribué à hauteur d'environ 15 autres milliards d'euros alors que l'opération a pris fin la veille. Le journal Kathimerini a précisé que la participation des quatre plus importantes banques grecques, National Bank, Eurobank, Alpha et la banque du Pirée s'est élevée à 11,5 milliards d'euros. Le succès du rachat de dette est la condition de la reprise des versements du FMI au pays surendetté. L'offre faite par l'Etat grec pour racheter ses propres obligations avec l'aide de ses partenaires a expiré, avant-hier soir. L'opération, décidée lors de la dernière réunion des ministres des Finances de la zone euro fin novembre, est censée réduire la dette grecque de quelque 20 milliards d'euros, la moitié du montant requis pour parvenir à la ramener au taux jugé acceptable de 124% du PIB, en 2020. Aux termes de l'offre lancée lundi, les créanciers privés (banques, hedge funds) se sont vus proposer jusqu'à 10 milliards d'euros de titres du Fonds européen de secours (FESF), en échange des obligations souveraines grecques qu'ils détiennent. L'opération porte sur un total de quelque 62 milliards d'euros d'obligations. Les participants devront accepter une décote conséquente, puisque l'Etat grec a fixé une fourchette de rachat allant d'un plancher de 30,2% à 38,1% (selon les échéances des titres) de la valeur des obligations rachetées, à un plafond de 32,2% à 40,1%. Opération d'ensemble bouclée le 17 décembre L'opération offre toutefois aux investisseurs une prime par rapport à la valeur réelle des titres, vendredi dernier, sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. L'évaluation des premiers résultats de l'offre sera faite lors de la réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles le 13 décembre, en vue du déblocage d'une tranche de 44 milliards d'euros retardée depuis juin, vitale pour le pays à sec. L'ensemble de l'opération sera bouclé le 17 décembre. Le FMI a déjà indiqué vouloir attendre les résultats de la transaction pour débloquer sa part des prêts consentis à Athènes. Mais les Européens se sont montrés confiants sur le versement de ces fonds, laissant entendre que les Européens pourraient si nécessaire prendre les devants. Le ministre grec des Finances Yannis Stournaras, s'est montré optimiste avant-hier. "Avec le versement de la tranche, l'incertitude sur le retour à la drachme (monnaie nationale) se termine (...), je préfère regarder le verre à moitié rempli qu'à moitié vide", a-t-il indiqué à la radio Real FM. En attendant, pour compenser le retard pris dans le versement de l'aide européenne et du FMI, la Grèce émettra le 11 décembre des bons du Trésor à un et six mois, pour tenter de lever au total environ 3,375 milliards d'euros. Cette émission exceptionnelle, annoncée, avant-hier, par la PDMA, fait suite à une émission du même type en novembre, qui a obligé la Grèce à payer des taux de près de 4% pour lever 5 milliards d'euros à un et trois mois. Le PIB chute de 6,9% au 3e trimestre sur un an Le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce a accéléré sa chute, à 6,9% au troisième trimestre 2012, selon les données annuelles révisées publiées, avant-hier, par l'Autorité des statistiques grecques, marquant une contraction légèrement moins brutale qu'initialement estimée. Cette chute de l'activité fait suite à un recul de 6,3% du PIB grec au deuxième trimestre et de 6,7% au premier trimestre 2012. Pour le troisième trimestre, les premières estimations officielles tablaient initialement sur une baisse de 7,2%. Le pays prévoit dans son budget de rigueur 2013 une sixième année consécutive de récession, avec un PIB en recul de 4,5%, faisant suite à une chute de 6,5% attendue pour l'année 2012. En 2011, la récession grecque avait atteint 7,1%. Dans son rapport semestriel, la Banque de Grèce a estimé cette semaine que le taux cumulé de récession "entre 2008 et 2013 pourrait atteindre 24%". "Cette récession, due au recul du pouvoir d'achat, principal moteur de la croissance jusqu'en 2008, est historiquement inédite pour l'économie grecque en période de paix et les retombées sont graves non seulement sur les revenus et la population active mais aussi sur la cohésion sociale", met en garde ce rapport. Sous perfusion de prêts UE et FMI depuis 2010 pour cause de surendettement, la Grèce est en contrepartie soumise à une austérité stricte pour la troisième année consécutive, alors que les réformes structurelles dictées par ses créanciers ont pris d'importants retards. Le gouvernement grec comme la Commission européenne tablent sur un retour à la croissance en 2014. Le cadre budgétaire pluriannuel 2013-2016 prévoit alors une timide reprise de 0,2%, censée passer à 2,5% en 2015 et 3,5% en 2016. Le gouvernement de coalition du conservateur Antonis Samaras, a fait du retour à la croissance sa priorité, alors que le chômage frappe désormais plus du quart de la population active.