Les enseignements tirés de l'expérience de développement de l'économie nationale durant la décennie écoulée, compte tenu des contraintes vécues et accentuées par les retombées de la crise économique et financière internationale ont mis en évidence un certain degré de sa vulnérabilité malgré l'effort important et soutenu déployé en matière d'élargissement, de consolidation et de maîtrise de la "machine" de production. En effet, si les résultats obtenus durant cette décennie sont globalement positifs, ils apparaissent cependant en-deçà des possibilités de l'économie et de ses grandes potentialités. Les objectifs élaborés dans un contexte de relative aisance financière, notamment après le remboursement anticipée de la dette extérieure, se sont avérés élevés par rapport à des moyens réduits par la chute brutale et importante des prix des hydrocarbures. Les actions d'ajustement et de redressement économique engagées ont permis de préserver les équilibres fondamentaux de cette économie et de sauvegarder le respect des priorités arrêtées. C'est dire que l'organisation de la politique économique et sociale durant la prochaine étape devra tenir compte d'un paramètre essentiel : les ressources tirées des hydrocarbures ne connaîtront probablement pas d'évolution notable durant cette étape. En effet, les données actuelles et prévisibles de persistance de la crise économique et financière mondiale, de croissance modérée de la demande d'hydrocarbures, d'organisation méthodique par les pays du nord d'une situation d'excédent d'offre d'hydrocarbures par rapport à la demande affaiblie de la cohésion des pays producteurs de pétrole aux intérêts parfois divergents, font que le marché pétrolier connaîtra, selon nombre d'experts, des perturbations qui exerceront des pressions à la baisse sur les prix des hydrocarbures. Dans ces conditions, la dynamique de l'économie algérienne ne pourra provenir que d'une mobilisation de ses propres potentialités, dans des conditions d'efficacité nettement améliorées, garantissant une couverture satisfaisante des besoins essentiels. L'arbitrage entre la satisfaction des différentes composantes de la demande sociale au profit de l'emploi considéré comme prioritaire pour la prochaine décennie, implique nécessairement le maintien d'un taux d'accumulation élevé. Aussi, les ressources disponibles devront-elles être organisées de manière à favoriser l'investissement productif, qui permet d'obtenir des ressources extérieures à même d'assurer des niveaux de consommation compatibles avec l'évolution probable des ressources, des revenus et de l'épargne. En effet, il convient de souligner que l'évolution de la consommation et, d'une manière générale, du niveau de prise en charge des besoins sociaux vont dépendre des efforts et des progrès qui seront réalisés dans les domaines de la production, de la productivité et des conditions de mobilisation des ressources. Au-delà de la nécessité de rétablissement des équilibres macroéconomiques et de relance des principaux paramètres économiques, d'une part, et d'amélioration des conditions d'organisation et de fonctionnement de l'économie, d'autre part, la croissance devra retrouver des rythmes de l'ordre de 5 à 6,5 % par an. Une telle performance pour qu'elle soit atteinte dans un environnement mondial pour le moins difficile, implique des progrès importants en matière d'efficacité globale de l'économie, de respect des normes arrêtées, de développement de la décentralisation et de libération des initiatives et de leur prolongement vers la base "humaine" du développement durable.