La police a imposé un couvre-feu à Sinjar et dans les environs de Tal Afar (80 km à l'ouest de Mossoul), après les quatre attentats au camion piégé qui ont fait au moins 200 morts dans le nord de l'Irak. Ces attentats comptent parmi les plus meurtriers depuis le renversement de Saddam Hussein il y a quatre ans, selon un nouveau bilan publié mercredi et qui pourrait encore s'alourdir. “Plus de 200 personnes ont été tuées et autant de personnes blessées”, a indiqué Dakhil Qassim Hassun, le maire de Sinjar, ville du nord de la province de Ninive où les attentats ont été perpétrés mardi dans deux villages habités par une minorité religieuse. Le nouveau bilan a été confirmé par Abdoul Rahim al-Chammari, maire d'Al-Baaj, au sud-ouest de Mossoul. Selon lui, environ 70 maisons ont été rasées. Il a ajouté que la police avait imposé un couvre-feu à Sinjar et dans les environs de Tal Afar (80 km à l'ouest de Mossoul). “Un nombre record de personnes ont afflué pour faire don de leur sang aux blessés qui ont été admis dans sept hôpitaux des provinces de Ninive et de Dohouk”, a également précisé M. Chamari. Selon des responsables locaux et militaires irakiens, quatre camions piégés ont explosé dans les villages d'Al-Khataniyah et d'Al-Adnaniyah, essentiellement peuplés de Yézidis, des partisans d'une croyance minoritaire pré-islamique. De son côté, l'armée américaine a fait état mercredi de 60 morts et de cinq camions piégés dans la série d'attentats. Elle a ajouté qu'un nombre “inconnu” de personnes était sous les décombres et qu'une vingtaine de maisons avaient été détruites. La Maison Blanche a dénoncé ces “attentats contre des civils innocents”, les qualifiant de “barbares”, accusant les extrémistes « d'empêcher l'Irak de devenir un pays stable et sûr”. La communauté yézidie, estimée à quelque 500.000 personnes, est une minorité kurde installée dans le nord de l'Irak qui considère le diable comme le chef des anges. Cette secte compte trois députés sur les 275 sièges du parlement. Elle a tenté de demeurer à l'écart des violents conflits confessionnels et politiques qui ensanglantent une grande partie de l'Irak, mais ces derniers mois les relations avec les communautés sunnites voisines se sont gravement détériorées. Le 7 avril, une foule de Yézidis a lapidé une jeune fille de 17 ans, elle-même yézidie, pour avoir offensé leurs valeurs conservatrices en s'enfuyant pour épouser un jeune homme musulman. Ce lynchage a été filmé avec des téléphones portables et largement diffusé. Des extrémistes sunnites ont rapidement organisé “des attaques de représailles”, mais qui ressemblaient aux massacres d'insurgés commis partout en Irak. Le 23 avril, des hommes armés ont ainsi intercepté un autocar transportant des Yézidis vers leur village de Beshika (10 km de Mossoul), et massacré 23 d'entre eux. L'Irak est confronté à un regain de violences interconfessionnelles en dépit du déploiement de 155.000 soldats américains. 85.000 d'entre eux sont postés à Bagdad, ce qui a eu pour effet de déplacer les extrémistes qui commettent des attentats dans des régions plus isolées.