Ces attentats interviennent après l'enlèvement à Baghdad du ministre adjoint irakien du Pétrole, Abdel Jabar al-Wagaâ, par des hommes armés. Véritable carnage. L'Irak à feu et à sang. L'explosion, mardi soir, de quatre camions piégés a fait plus de 200 morts et 375 blessés. Le summum de la violence secouant l'Irak. Le bilan est appelé à s'alourdir. C'est le plus meurtrier des attentats qu'a vécus l'Irak depuis la chute de Saddam Hussein. D'autres victimes sont encore ensevelies sous les décombres. Le nord de l'Irak a vécu, mardi soir, une nuit sanglante. Selon des responsables locaux et militaires irakiens, quatre camions piégés ont explosé dans les villages d'Al Khataniyah et d'Al Adnaniyah, essentiellement peuplés de yézidis, des partisans d'une croyance minoritaire. Ces attentats interviennent après l'enlèvement, à Baghdad, dans la journée, du ministre-adjoint irakien du pétrole, Abdel Jabar al-Wagaâ, par des hommes armés portant des uniformes des forces irakiennes. Par ailleurs, ces violences se sont produites au moment où les dirigeants des principales communautés en Irak menaient des discussions pour préparer la réunion de crise souhaitée par le Premier ministre Nouri al Maliki pour sauver la coalition gouvernementale. Certes, la police avait imposé un couvre-feu à Sinjar et dans les environs de Tal Afar (80km à l'ouest de Mossoul), selon Abdoul Rahim al Chammari, maire d'Al Baâj, au sud-ouest de Mossoul. Par ailleurs, on a appris également la mort de dix militaires américains, dont cinq ont péri dans le crash de leur hélicoptère. Mais la spirale de violence perdure. Guerre interconfessionnelle en dépit du déploiement de 155.000 soldats américains en Irak. Ce qui a pour effet le déplacement des extrémistes vers les zones les plus isolées du pays pour commettre leurs attentats terroristes. Sur ce point, le président irakien, Jalal Talabani, un kurde, a estimé pour sa part que les yézidis, également kurdes, étaient victimes d'une «guerre génocidaire lancée par les terroristes et les extrémistes» contre la population irakienne. De son côté, le Premier ministre irakien Nouri al Maliki, confronté à une grave crise politique en raison des dissensions entre partis sunnites et chiites, a dénoncé ce «crime ignoble», a ordonné une enquête et a affirmé que cela ne l'empêcherait pas de «poursuivre le processus politique». Les attentats ont été qualifiés de «barbares» par l'ambassadeur des Etats-Unis à Baghdad, Ryan Crocker et le commandant des forces américaines en Irak, le général David Petraeus, qui ont souligné qu'ils sont déterminés à poursuivre leur mission. C'est la course à la mort. On tue partout en Irak. Et personne ne sait plus «qui tue qui». L'ennemi n'est pas prêt d'être identifié. Sunnites, chiites, kurdes, yézidis, tous partent à la guerre sainte. Les Irakiens sont devenus les ennemis des Irakiens en dépit de la politique de réconciliation prônée. Au début du mois, trois attentats à la voiture piégée ont fait 80 morts et une centaine de blessés. Auparavant, exactement le 7 juillet dernier, un attentat suicide au camion piégé avait fait 140 morts et 270 blessés à Emerli à 130km de Kirkouk dans le nord de l'Irak. Le summum a été atteint le 23 novembre 2006 avec 215 morts et plus de 300 blessés. Un véritable désastre pour le gouvernement irakien soutenu par les Américains qui ont placé le retour de la sécurité comme la priorité de l'heure sans pour autant juguler la violence qui sévit dans le pays depuis la chute de Saddam Hussein. Ce qui contredit les propos du conseiller irakien à la Sécurité nationale, Mouaffak al Roubaie, en visite à Amman, qui affirme que les «violences avaient diminué en Irak.»