Vingt-deux mois de conflit ont réduit en ruines le secteur agricole de la Syrie. Selon un rapport une mission d'experts des Nations unies publié récemment, la production de céréales, fruits et légumes a chuté de moitié pour certains produits et les infrastructures ont subi des destructions massives, notamment les canaux d'irrigation, selon. La mission, qui s'est déroulée du 18 au 22 janvier en coordination avec le gouvernement syrien et l'opposition, a visité plusieurs zones sinistrées dans la région de Damas et dans les gouvernorats de Homs et Deraa. Elle était composée des responsables des opérations d'urgence de sept agences humanitaires onusiennes sous la supervision du Bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). "Les membres de la mission ont été frappés par le sort du peuple syrien dont la capacité à résister s'est considérablement érodée après 22 mois de crise", a déclaré M. Dominique Burgeon, directeur de la Division des urgences et de la réhabilitation de la FAO, qui a participé à la mission. "La destruction des infrastructures dans tous les secteurs est considérable et il est évident que plus le conflit durera, plus la réhabilitation demandera du temps", a-t-il ajouté. Sur les 10 millions de Syriens qui vivent dans les zones rurales - soit 46 % de la population - 80 % tirent leurs moyens d'existence de l'agriculture. 2 millions de tonnes de céréales en moins L'an dernier, la production de blé et d'orge a chuté à moins de 2 millions de tonnes, contre 4 à 4,5 millions de tonnes en temps normal. La production de légumes, de fruits et d'olives a fortement baissé dans les deux gouvernorats de Homs et Deraa: les légumes ont chuté de 60 % à Homs alors que la production d'huile d'olive régressait de 40 % à Deraa. Par ailleurs, seuls 45 % des agriculteurs ont pu récolter la totalité de leurs cultures céréalières, tandis que 14 % ont affirmé qu'ils avaient été empêchés de récolter du fait de l'insécurité et des pénuries de carburant. Les agriculteurs suriens souffrent du manque d'accès aux intrants agricoles, notamment les semences de qualité et les engrais ainsi des problèmes d'irrigation se posent suite aux dégâts subis par les canaux d'irrigation principaux, en particulier à Homs, et du fait des pénuries de carburant qui paralysent les pompes d'irrigation. La transhumance des troupeaux vers les zones de pâturage n'a pas été possible et la survie du bétail est compromise par les pénuries de fourrage et de produits vétérinaires dont l'importation est entravée par les sanctions. La production de volaille, une source traditionnelle de protéines animales bon marché, a également été durement touchée par la destruction des grandes fermes à Homs, Hama et Idlib. "Il ressort des discussions avec les ONG et les agronomes du ministère de l'agriculture et de la réforme agraire que l'agriculture syrienne, conditions de sécurité aidant, a un rôle important à jouer pour aider les gens à rester sur leurs terres et se procurer des revenus pour faire face à leurs besoins les plus urgents", a indiqué M. Burgeon. "Toutefois, le secteur agricole a besoin d'une assistance urgente en termes de semences, engrais, fourrage, produits vétérinaires, volailles et réhabilitation des infrastructures d'irrigation." La collecte, l'analyse et la diffusion de l'information sur la sécurité alimentaire sont des éléments essentiels du travail que l'Agence des Nations unies pour l'aliementation et l'agriculture (FAO) entend poursuivre en Syrie. L'Organisation est déterminée à augmenter de façon significative son soutien au peuple syrien. A cet effet, elle compte sur le soutien des bailleurs de fonds dans le cadre de la composante alimentaire du Plan de réponse en assistance humanitaire à la Syrie (Humanitarian Assistance Response Plan for Syria - SHARP), qui reste en situation critique de sous-financement. M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l'ONU, présidera le 30 janvier 2013 dans la ville de Koweit une conférence internationale de bailleurs de fonds axée sur les besoins humanitaires de la Syrie.