Le manque de fonds compromet les opérations d'urgence de la FAO au Tchad, où deux millions de personnes risquent la famine après que sécheresse et infestations de ravageurs aient amputé la production vivrière, indique la FAO aujourd'hui. Selon l'experte d'opérations d'urgence de la FAO, Fatouma Seid, la FAO n'a reçu que 2 millions de dollars sur les 11,8 millions sollicités en novembre dernier pour une intervention d'urgence dans le pays dans le cadre d'un appel interinstitutions des Nations Unies alors que pour le Niger, pays voisin affligé également par de graves pénuries alimentaires, 14,5 millions ont été mobilisés par la FAO. "Les donateurs craignent une répétition de la crise alimentaire qui a sévi au Niger en 2005, lorsque beaucoup sont morts de faim", explique Mme Seid. "En comparaison, la sensibilisation est moindre par rapport à ce qui se passe au Tchad alors que la situation est tout aussi critique. "Cela signifie que la FAO ne pourra distribuer aux agriculteurs pour leur prochaine récolte que 360 tonnes de semences sur les 11 286 tonnes prévues", déplore Mme Seid. "Nous comptions acheminer 6 000 tonnes d'aliments pour animaux, mais nous ne serons en mesure de n'en livrer que 413?. Le Système mondial d'information et d'alerte rapide de la FAO sur l'alimentation et l'agriculture (SMIAR) a déclaré dans une alerte spéciale la semaine dernière que la situation alimentaire est particulièrement grave dans certaines parties du Sahel où plus de 10 millions de personnes risquent la famine. La production céréalière du Tchad aurait reculé de 34 pour cent par rapport à 2008, de 30 pour cent au Niger, de 24 pour cent en Mauritanie et de 17 pour cent au Burkina Faso. Les pâturages également ont été gravement touchés et la production fourragère au Niger est inférieure de quelque 62 pour cent aux besoins, selon l'alerte. Au Tchad, un taux de mortalité du bétail d'environ 31 pour cent a été constaté l'an dernier dans les zones occidentales et centrales du pays, tandis que certaines parties du Mali ont essuyé des pertes de bétail importantes. L'effet conjugué de la chute de la production céréalière, des conditions précaires des parcours et de la persistance de prix alimentaires élevés "s'est traduit par une forte insécurité alimentaire et une malnutrition accrue dans les pays touchés", indique le SMIAR. Au Niger, on estime que 2,7 millions de personnes auront besoin d'une aide alimentaire cette année, tandis que 5,1 millions d'individus supplémentaires seraient à risque d'insécurité alimentaire dans le pays. Quelque 2 millions de personnes ont besoin d'une aide au Tchad, alors que 258 000 Maliens se heurtent à une grave insécurité alimentaire. Environ 370 000 personnes nécessitent une assistance en Mauritanie. Des opérations de secours d'urgence ont démarré au Niger: ventes de céréales subventionnées par le Gouvernement, programmes d'alimentation de l'UNICEF et du PAM, distribution d'aliments pour le bétail, de semences et d'engrais par la FAO qui fournit également un soutien à long terme aux paysans en accroissant la production de semences adaptées localement.