Hier matin, les cours du pétrole reculaient alors que la trajectoire de l'ouragan Dean devrait épargner les installations pétrolièresaméricaines du golfe du Mexique. Selon les prévisions du centre national des ouragans des Etats-Unis (NHC), Dean, ouragan "extrêmement dangereux" de catégorie 4, devrait passer au sud des terres américaines du golfe du Mexique. Cette information est centrale, puisque le golfe du Mexique concentre près d'un tiers des installations pétrolières américaines. En milieu de journée, le baril de brut léger américain, qui avait grimpé de 98 cents sur la seule séance de vendredi, perdait 87 cents à 70,95 dollars. Le baril de Brent à Londres abandonnait 62 cents pour repasser sous la barre des 70 dollars à 69,82 dollars. "La bonne nouvelle, c'est que tous les modèles de prévision montrent que Dean n'atteindra pas les régions d'infrastructures pétrolières des Etats-Unis", souligne Olivier Jakob, directeur du cabinet Petromatrix. Toutefois, "même si la menace pour les infrastructures pétrolières américaines est minime (...), Dean représente un risque pour les infrastructures mexicaines," remarquaient les analystes de la banque Barclays Capital. A ce titre, la compagnie pétrolière publique mexicaine Pemex a commencé, dès dimanche, à évacuer le personnel de ses quelque 140 plates-formes marines de la Sonde de Campeche, au sud-est du golfe du Mexique, en prévision de l'arrivée prochaine Dean. "Le transfert de 13.360 employés vers le terminal maritime de Dos Bocas (sud-est), en terre ferme, pour lequel 55 bateaux et 29 hélicoptères ont été mobilisés, a débuté dimanche", a précisé, dans un communiqué, la compagnie mexicaine. Pemex a estimé que l'évacuation des plates-formes pétrolières devrait durer 24 heures. Par ailleurs, la compagnie a demandé à ses bateaux et plates-formes semi-submersibles opérant dans la zone de se déplacer vers un port sûr. L'entreprise, qui dispose d'une cellule spécifique contrôlant de façon permanente l'évolution du cyclone, pourrait décider de fermer la totalité de ses puits et de ses installations et évacuer le personnel restant si la menace présentée par Dean se confirmait. Un porte-parole de Pemex s'est dit incapable de dire dans quelle mesure la production du groupe sera affectée. Pemex extrait 70% de sa production de pétrole depuis ses plates-formes du Golfe. D'après Citigroup, ses activités dans la baie de Campeche sont directement menacées par l'ouragan. Dean est passé dimanche sur la Jamaïque avec des vents dépassant les 230 km/h. Il pourrait encore grossir en ouragan de catégorie 5 aux abords de la péninsule mexicaine du Yucatan. Les cours ont fluctué la semaine passée, tantôt portés par les craintes relatives à la trajectoire de Dean, tantôt déprimés par la crise du crédit qui frappe les marchés et conduit les opérateurs à liquider leurs positions sur les marchés des matières premières. Les investisseurs ont été quelque peu rassurés vendredi par la baisse du taux d'escompte de la Réserve fédérale américaine. Mais la situation reste fragile, car les craintes des investisseurs ne sont pas entièrement dissipées. Depuis que la crise du crédit a pris une forte ampleur, la tendance des cours du brut est à la baisse. Après un record historique le 1er août à 78,77 dollars, le baril de "light sweet crude" a cédé plus de 10%. Le Brent, qui avait culminé à 78,40 dollars à la mi-juillet, a reculé dans une proportion comparable.