Les cours des métaux industriels au London Metal Exchange (LME) ont fléchi cette semaine, minés par le renforcement du dollar et un accès de prudence des opérateurs sur la zone euro, avant de limiter leurs pertes cette semaine après les chiffres encourageants du commerce extérieur chinois. Alimentée fin janvier par un vif regain d'optimisme sur les perspectives économiques mondiales, "la récente poussée des cours des métaux s'est poursuivie lundi, mais s'est ensuite essoufflée au cours de la semaine", dans un marché "sans grand élan", a observé Gayle Berry, analyste de Barclays Capital. Les métaux de base ont été notamment pénalisés par un net renforcement du dollar, qui rendait moins attractifs les achats de matières premières libellés dans la monnaie américaine pour tous les détenteurs d'autres devises. A ce titre, les prix ont particulièrement piqué du nez jeudi, "réagissant immédiatement" à une envolée du dollar face à un euro ébranlé par une conférence de presse du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, a indiqué Edward Meir, analyste de INTL FC Stone. "Les propos de M. Draghi, ont semblé très prudents sur les perspectives de croissance de la zone euro, en dépit d'une pléthore de statistiques suggérant ces dernières semaines une amélioration de la situation", a souligné M. Meir. "Ses remarques ont suffi à ébranler l'euro", tout en incitant les investisseurs à se détourner des actifs jugés risqués comme les matières premières, a expliqué l'analyste. Les cours des métaux ont cependant tenté de se reprendre vendredi, après la publication d'une hausse de 28,8% des importations chinoises sur un an en janvier. "Cela confirme que la reprise de l'activité du pays (premier consommateur mondial de métaux) est bel et bien en train d'accélérer" a commenté Ross Strachan, analyste de Capital Economics. "Cela dit, la comparaison est faussée par le fait qu'en 2012, le Nouvel an lunaire (période de ralentissement de l'activité économique en Chine) était tombé précisément en janvier", ce qui n'est pas le cas cette année, a néanmoins tempéré l'expert. "De plus, les importations de trois des principales matières premières importées par la Chine (minerai de fer, cuivre et soja) ont reculé par rapport à janvier 2012", a ajouté M. Strachan. Ainsi, si les importations de cuivre du géant asiatique en janvier ont augmenté de 3% par rapport à décembre, elles ont fléchi de 15% sur un an, à 350 950 tonnes, ce qui était de nature à tempérer quelque peu l'enthousiasme des opérateurs. Ces derniers s'inquiètent déjà depuis plusieurs mois de la surabondance des stocks de métaux au marché de Shanghai comme dans les entrepôts des entreprises chinoises, suggérant que, même avec une embellie de l'économie, la demande du géant asiatique pourrait ralentir cette année. Pour les experts de Barclays Capital, "la Chine pourrait avoir besoin en 2013 de 11% de moins de cuivre raffiné" qu'en 2012, en raison de l'importance de ses stocks actuels mais aussi de l'accroissement de la production nationale. Les cours des métaux sont malgré tout restés cantonnés cette semaine dans des fourchettes étroites: de fait, les volumes d'échanges sont restés "extrêmement bas" cette semaine, en l'absence notable de nombreux opérateurs asiatiques à l'approche du Nouvel an lunaire, célébré le 10 février, a souligné Mme Berry. Et sauf coup de théâtre dans les publications macroéconomiques en Europe ou aux Etats-Unis, "le marché des métaux devrait rester atone la semaine prochaine", en pleine semaine de congés en Chine pour le début de l'année du Serpent, a-t-elle souligné. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait cette semaine à 8 279 dollars contre 8 304 dollars une semaine plus tôt à la même heure. L'aluminium valait 2 116 dollars la tonne contre 2 122 dollars. Le plomb valait 2 419 dollars la tonne contre 2 460 dollars. L'étain valait 24 955 dollars la tonne contre 24 937 dollars. Le nickel valait 18 398 dollars la tonne contre 18 615 dollars. Le zinc valait 2 202 dollars la tonne contre 2 173 dollars.