Les Etats-Unis se sont engagés jeudi à l'issue de la conférence des "Amis de la Syrie" à Rome à fournir pour la première fois une aide directe aux rebelles syriens. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a ainsi promis 60 millions de dollars pour une aide non létale, sans toutefois franchir le pas de la livraison d'armes. "La Coalition nationale syrienne (CNS) peut réussir à mener une transition pacifique, mais elle ne peut pas le faire seule", a plaidé M. Kerry. Il s'exprimait aux côtés du chef de la CNS, Ahmed Moaz al-Khatib, qu'il avait rencontré dans la matinée Washington fournissait déjà depuis des mois une aide non létale d'une valeur de 50 millions de dollars (équipements de communication, aide médicale, formations), mais cette assistance était acheminée indirectement aux rebelles via l'opposition politique syrienne et des ONG, à l'extérieur du pays. Les Etats-Unis ont également débloqué au total depuis près de deux ans 385 millions de dollars d'aide humanitaire pour les déplacés syriens dans leur pays et les réfugiés dans les pays frontaliers, via les agences internationales et l'ONU. De son côté, l'UE a reconduit pour trois mois le régime de sanctions contre Damas. Elle a dans le même temps autorisé la fourniture d'équipements non létaux et une aide technique à l'opposition pour assurer la protection des civils. Réunis à Rome, les onze pays de la conférence des "Amis du peuple syrien" ont aussi promis "plus de soutien politique et matériel à la Coalition, représentante unique et légitime du peuple syrien, et à apporter plus d'aide concrète à l'intérieur de la Syrie". Les "Amis de la Syrie" vont "coordonner leurs efforts pour soutenir le peuple syrien et appuyer les efforts du Conseil militaire suprême de l'Armée syrienne libre pour assurer sa propre défense", dit le communiqué, sans plus de précisions sur la nature de l'aide en question. Cette promesse ne satisfait pas totalement les opposants syriens, qui avaient menacé de boycotter la conférence pour protester contre l'inaction de la communauté internationale. Sur le terrain, les rebelles syriens se sont emparés de la mosquée des Omeyyades dans le centre d'Alep (nord), joyau historique et prise hautement symbolique. Lakhdar Brahimi met en garde contre la dégradation de la situation De son côté, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Lakhdar Brahimi, a mis en garde contre la dégradation de la situation en Syrie et la persistance de la crise actuelle, appelant à la poursuite des efforts visant à trouver un terrain d'entente entre le gouvernement et l'opposition en vue d'un règlement pacifique du conflit. Dans une intervention lors de la 6e réunion du conseil de la Fondation Yasser Arafat tenue jeudi au siège de la Ligue Arabe au Caire, M. Brahimi a souligné la nécessité de mettre un terme au conflit armé en Syrie. Le problème réel se rapporte à une crise de confiance entre les parties opposées, a-t-il estimé. Par ailleurs, M. Brahimi a considéré que la proposition du chef de la coalition nationale des forces d'opposition syriennes, Ahmed Mouad El-Khatib, d'engager un dialogue avec les représentants du gouvernement syrien, était une surprise pour tous. Pour M. Brahimi cette initiative a mis le régime syrien dans la gêne car El-Khatib n'a pas posé de préalable au dialogue mais soulevé quelques revendications, concernant la libération des prisonniers notamment, dont la satisfaction, par le gouvernement, constituerait un gage de bonne foi. Concernant les aides humanitaires, il a indiqué que 200 millions de dollars seulement sur le montant de 1,5 milliard de dollars promis par la conférence des donateurs au mois de janvier dernier à Koweït, ont été mobilisés rappelant les conditions déplorables que vivent les Syriens du fait de la persistance du conflit armé. Le Liban maintient ses frontières ouvertes aux réfugiés Le ministre libanais des Affaires sociales Waël Abou Faour a souligné jeudi que le gouvernement libanais maintenait sa décision de laisser ouvertes ses frontières avec la Syrie pour les réfugiés syriens et palestiniens. M. Abou Faour a exprimé l'espoir de voir "les efforts internationaux déboucher sur une solution qui mette fin à l'effusion de sang en Syrie et mette ainsi un terme au problème du déplacement de population". M. Watkins a reconnu l'afflux massif de plus de 317 000 réfugiés syriens au Liban. Mme Kelly a salué le rôle important du Liban dans l'accueil des réfugiés. Le Liban a déposé en février une demande d'assistance financière, appelant la communauté internationale à lui offrir 370 millions de dollars pour subvenir aux besoins des réfugiés.