Le département d'Etat américain a estimé, avant-hier, que l'oléoduc géant Keystone, qui doit courir du Canada au Texas, ne devrait pas avoir de conséquences majeures pour l'environnement, sans toutefois recommander dans son rapport d'étape d'approuver le projet à ce stade. Très controversé, le projet d'oléoduc Keystone XL, estimé à 5,3 milliards de dollars selon TransCanada, doit pour voir le jour être approuvé par le gouvernement américain. Le président Barack Obama avait déjà refusé début 2012 d'accorder son feu vert. Les analyses menées sur les conséquences potentielles de la construction et des opérations du projet proposé laissent penser qu'il n'y aurait aucun impact significatif pour la plupart des ressources naturelles le long du trajet envisagé, écrit dans son rapport le département d'Etat. Il souligne toutefois que Keystone devra respecter toutes les mesures qu'il s'est engagé à prendre pour éviter de nuire à l'environnement et pointe que 24 espèces protégées ou menacées pourraient pâtir de l'oléoduc en raison de la diminution de leur habitat ou de difficultés supplémentaires pour se nourrir. L'étude avance également que des fuites de pétrole pourraient affecter des rivières, des lacs ou des mares sur le trajet de l'oléoduc et les écosystèmes qui en dépendent. Mais des fuites liées au projet proposé qui affecteraient l'environnement devraient être rares et relativement peu importantes, poursuit-elle. La publication de ce rapport ouvre une période de 45 jours de consultation publique, à l'issue de laquelle une décision sera prise, ont souligné des responsables américains.A ce stade, il n'y a aucune recommandation dans un sens ou dans l'autre. Nous étudions tout cela de manière très très objective, a déclaré Kerri-Ann Jones, chargée des affaires scientifiques et environnementales au département d'Etat. Nous voulons nous assurer d'agir dans l'intérêt de notre pays et donc nous étudions cela très précisément, et nous attendons les commentaires de tout le monde, a-t-elle ajouté. Fuites de pétrole, dommages causés à l'environnement, espèces sauvages mises en danger : c'est simplement difficile de comprendre pourquoi l'administration Obama étudie ce projet, a réagi dans un communiqué Bill Snape, du Centre pour la diversité biologique. Les autorités canadiennes ont de leur côté souligné qu'elles étudiaient le long rapport publié par le département d'Etat. Le ministre des Ressources naturelles Joe Oliver a souligné que l'oléoduc créerait des dizaines de milliers d'emplois des deux côtés de la frontière. Ce projet va permettre de remplacer le pétrole venant du Venezuela et du Moyen-Orient par une source d'approvisionnement continentale stable et améliorer la sécurité énergétique de l'Amérique du Nord, a-t-il ajouté. Selon le rapport du département d'Etat, le projet aboutirait à la création de 42 100 emplois et plus de 2 milliards de dollars de revenus pendant la construction (un an ou deux). L'Etat américain du Nebraska (centre), que l'oléoduc doit traverser, avait approuvé fin janvier un nouveau tracé pour Keystone XL plus respectueux de l'environnement. La société TransCanada, qui veut bâtir cette infrastructure pétrolière, a déjà commencé en août à construire une portion de près de 800 kilomètres entre l'Oklahoma et la côte du Texas, qui ne nécessitait pas d'autorisation des autorités fédérales américaines. Keystone XL doit acheminer 830 000 barils de brut par jour jusqu'aux raffineries du golfe du Mexique.