Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a mis en garde contre la sortie de Chypre de la zone euro, estimant que tous les pays membres de l'Union économique et monétaire (UEM) avaient la même importance systémique. "Même si l'on appartient à un grand pays de l'Union européenne, il faut avoir conscience de l'importance systémique de chaque membre de la zone euro", déclare-t-il, cité avant-hier par le journal Der Spiegel. Il adresse ainsi une critique à peine voilée à Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand, qui s'est interrogé sur l'importance systémique de Chypre, l'une des plus petites économies de la zone euro. Wolfgang Schäuble a déclaré que la précipitation ne sera pas de mise lors de la réunion des ministres des Finances de l'Eurogroupe lundi à Bruxelles pour se pencher sur la question d'une aide financière de 17 milliards d'euros demandée par Chypre. L'île méditerranéenne a besoin de huit à dix milliards d'euros pour recapitaliser ses banques, très exposées à la crise de la dette grecque, et sept milliards supplémentaires pour rembourser des prêts et financer des dépenses publiques. "Si Chypre devient insolvable de manière désordonnée, ceci entraînera vraisemblablement une sortie de la zone euro", estime Olli Rehn. Les dirigeants européens sont divisés sur la manière de venir en aide à Chypre, avec d'un côté un groupe emmené par l'Allemagne préconisant de faire participer ceux qui détiennent des dépôts dans les banques chypriotes au financement d'un plan de sauvetage. D'autres Etats européens estiment qu'une telle disposition risque de conduire à un mouvement panique de retraits d'argent, ce qui ne fera qu'aggraver le problème. L'Eurogroupe entretient une étroite concertation avec la Russie qui est intéressée au problème chypriote dans la mesure où les banques du pays détiennent de nombreux avoirs d'investisseurs russes. Moscou envisage de prolonger un prêt à cinq ans de 2,5 milliards d'euros et l'Allemagne doute de la détermination de Nicosie à lutter contre le blanchiment d'argent en particulier de fonds russes. Olli Rehn a répété que la Commission européenne était opposée à un échange de dette ainsi qu'à l'imposition de pertes sur les banques chypriotes et leurs épargnants. "Nous ne voulons pas impliquer les épargnants. Je suis persuadé que nous allons trouver une solution permettant de prendre en compte les doutes de tous les pays de la zone euro", poursuit-il. Wolfgang Schäuble a affirmé être confiant dans la possibilité de trouver "une solution appropriée" qui, selon lui, ne sera ni facile ni sans douleur pour Chypre. De manière générale, Olli Rehn a appelé les pays européens à poursuivre la mise en place de mesures d'austérité, au vu d'un endettement "qui dépasse en moyenne les 90% du produit intérieur brut (PIB) dans l'Union européenne". Il a notamment estimé que la France devait réfléchir aux moyens de limiter des dépenses publiques jugées excessives, estimant que la deuxième puissance économique de la zone euro avait à ce stade trop mis l'accent sur la hausse de la fiscalité au détriment de coupes dans les dépenses. Le libre-échange UE/USA comme plan de relance le "moins coûteux" Un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne constituerait le "moins coûteux" des plans de relance pour juguler la crise et dynamiser l'économie des deux côtés de l'Atlantique, a déclaré samedi le Commissaire européen au Commerce. "C'est le plan de relance le moins coûteux qu'on puisse imaginer", a déclaré Karel De Gucht lors d'un discours à l'Université de Harvard, dans le Massachusetts (nord-est), ajoutant qu'un tel accord créerait des "centaines de milliers" d'emplois en Europe. Après le feu vert donné fin février par le président américain Barack Obama, la Commission européenne doit formellement donner son accord pour donner le coup d'envoi des négociations visant à créer une des plus importantes zones de libre-échange dans le monde. "La fonction première d'un accord maintenant serait d'apporter une réponse appropriée à la crise", a-t-il ajouté, dans un discours transmis à la presse. M. De Gucht a toutefois reconnu que les négociations devraient rencontrer de fortes résistances, attendues notamment dans l'agriculture ou les marchés publics. "Les puissants groupes d'intérêts des secteurs protégés essayeront toujours de mettre des bâtons dans les roues. L'ampleur de l'accord réveillera de nombreux sceptiques", a admis le commissaire européen. "Et reconnaissons-le, les mots +Europe+ et +Amérique+ ne sont pas toujours salués par des applaudissements auprès de chacune de nos populations", a-t-il ajouté. Selon le Commissaire européen, l'enjeu de l'accord ne sera pas seulement de supprimer les droits de douane, déjà très faibles, entre les deux blocs mais surtout de libéraliser les échanges de services et de lever les barrières réglementaires.