En visite à Dublin vendredi, la patronne du FMI Christine Lagarde, s'est dite ouverte à des ajustements du programme d'aide de l'Irlande afin d'aider le pays à s'en libérer cette année, et a salué ses "énormes" efforts pour redresser son économie. "Nous avons l'esprit ouvert sur de nombreuses questions, de nombreux termes et conditions de la stratégie de sortie du plan d'aide jusqu'à un ajustement des prêts", a-t-elle déclaré devant la presse, après avoir rencontré le premier ministre irlandais Enda Kenny. "Il ne s'agit pas seulement de l'allongement de la maturité des prêts, on peut vraiment penser à d'autres mécanismes possibles, mais cela inclura certainement l'extension" des échéances de remboursement, a ajouté la patronne du FMI. Mme Lagarde, arborait une écharpe verte, couleur de l'Irlande, lors de sa première visite dans l'un des trois pays de la zone euro placés sous assistance financière internationale avec la Grèce et le Portugal. "Nous allons regarder cela avec nos deux partenaires de la troïka", la BCE et l'Union Européenne avec "l'impératif d'aider l'Irlande à sortir du programme" d'aide, a-t-elle assuré. La troïka avait annoncé en février avoir ouvert les discussions avec l'Irlande pour "préparer au mieux" sa sortie du plan de sauvetage. Ces déclarations de Mme Lagarde, interviennent après l'accord de principe donné mardi par les ministres des Finances européens à un allongement des prêts accordés à l'Irlande et au Portugal. Une décision définitive devrait être annoncée lors de leur prochaine réunion en avril. Mme Lagarde a par ailleurs salué les efforts de l'Irlande, qui fait figure de modèle parmi les pays sous assistance, pour redresser son économie. "Ce qui a été accompli est énorme. Le montant de la réduction du déficit et la détermination dans la mise en œuvre du programme a été extraordinaire", a-t-elle souligné. "Deux-tiers du travail a été fait sur le plan budgétaire", a-t-elle noté. "Mais il y a encore beaucoup de travail à faire", a ajouté la patronne du FMI dans un communiqué, en citant les banques et le chômage qui reste à un niveau "douloureusement élevé" à plus de 14%. Plombée par ses banques, l'Irlande avait appelé le FMI et ses partenaires européens à l'aide fin 2010 et obtenu un plan de sauvetage global de 85 milliards d'euros en échange d'une cure d'austérité drastique. Mais le pays a depuis retrouvé la croissance, contrairement au Portugal et à la Grèce, a entamé son retour sur les marchés l'été dernier et entend sortir définitivement du plan d'aide d'ici la fin de l'année. En février, Dublin avait fait un grand pas en parvenant à un accord avec la BCE, qualifié d'"historique" par Enda Kenny, sur la réduction du fardeau de la dette issue du sauvetage de ses banques. Après des mois de négociations, Dublin, qui préside jusqu'à fin juin l'Union européenne, avait obtenu un allongement de la durée de remboursement de cette dette et une baisse des taux d'intérêt, via la transformation des prêts accordés par la BCE pour financer le sauvetage d'Anglo Irish Bank et Irish Nationwide et appelés "promissory notes", en obligations à long terme. Cet accord va permettre à l'Etat irlandais de réduire ses besoins de financement de 20 milliards d'euros sur les dix prochaines années. Lagarde: la BCE a encore un peu de marge de manœuvre pour baisser ses taux La Banque centrale européenne a encore "un peu de marge de manœuvre" pour baisser son taux qui est déjà à son plus bas niveau historique, a jugé à Dublin la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. "La politique monétaire doit rester accommodante et nous pensons qu'il y encore un peu de marge de manœuvre pour que la BCE baisse encore ses taux" afin d'aider la reprise, a déclaré Mme Lagarde lors d'un discours à l'occasion de sa visite dans la capitale irlandaise. "Le problème est tristement familier - des dettes persistantes des ménages, des banques, des entreprises et des gouvernements" minant la croissance de la zone euro qui va faire face à une "poursuite de la récession cette année", a-t-elle souligné. Ces déclarations interviennent au lendemain de la réunion mensuelle de la BCE, lors de laquelle l'institution de Francfort a maintenu son taux directeur à 0,75%, son plus bas niveau historique auquel il stationne depuis juillet. Le président de la BCE, Mario Draghi, a toutefois admis qu'une baisse du taux avait été discutée lors de la réunion mais que "le consensus qui a prévalu a été de laisser les taux inchangés". Il a en outre affirmé que les "perspectives d'inflation" allaient "permettre (à la BCE) de maintenir une politique monétaire accommodante", "tant que nécessaire". Autre moyen d'aider la reprise, Mme Lagarde, a en outre estimé que plus d'inflation pourrait être autorisée dans les pays du nord de l'Europe. Selon la patronne du FMI, la demande est "déséquilibrée en Europe, beaucoup plus forte dans le nord que dans le sud", ce qui reflète des "problèmes de compétitivité". "Restaurer l'équilibre signifie une inflation plus basse et une hausse des salaires dans le sud mais pourrait aussi vouloir dire autoriser une inflation et une croissance plus élevées principalement dans le nord, ce qui est aussi un aspect de la solidarité pan-européenne", a-t-elle jugé.