Le Fonds monétaire international (FMI) devrait abaisser ses prévisions de croissance économique mondiale, qui doivent être officiellement dévoilées le 9 octobre à Tokyo (Japon), a annoncé, avant-hier, sa directrice générale Christine Lagarde. "Nous continuons de tabler sur une reprise graduelle mais la croissance mondiale devrait être plus faible y compris par rapport à ce que nous anticipions en juillet", lors de la publication des précédentes projections du Fonds, a précisé Mme Lagarde dans un discours à Washington dont le texte a été distribué à l'avance. L'institution de Washington table actuellement sur une croissance mondiale de 3,5% en 2012 et de 3,9% en 2013 et doit officiellement annoncer ses nouvelles prévisions à Tokyo lors des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Jeudi, un responsable du Fonds avait déjà indiqué que le FMI abaisserait de "quelques dixièmes de points" de pourcentage ses prévisions. "Nos projections ont été orientées à la baisse ces douze derniers mois", a précisé Mme Lagarde, assurant que l'économie mondiale restait "truffée d'incertitudes" en Europe et aux Etats-Unis et ressemblait à un "puzzle" dont les pièces doivent être rassemblées. "Certaines pièces sont en place et on sait à quoi doit ressembler l'image finale. Mais pour finaliser l'image, nous devons assembler toutes les pièces", a indiqué Mme Lagarde. La directrice générale du FMI a certes relevé que "beaucoup des bonnes décisions (requises) ont été prises", citant notamment les récentes opérations d'assouplissement monétaires annoncées par les banques centrales aux Etats-Unis et au Japon et le nouveau programme de rachats d'obligations de la Banque centrale européenne. Mais elle a fait part de son inquiétude face aux "cicatrices durables" laissées par le chômage, notamment en Grèce et en Espagne, et devant le "fardeau de la dette" spécialement dans les pays européens sous assistance financière. "La communauté internationale doit reconnaître les efforts fournis par ces pays et leur fournir le soutien dont ils ont besoin, y compris financier", a ajouté la patronne du Fonds. Lagarde conseille à l'Espagne de "ralentir" l'assainissement budgétaire Le FMI estime que l'Espagne devrait "ralentir" le rythme de l'assainissement de ses finances publiques, a estimé, avant-hier, sa directrice générale, Christine Lagarde, tout en rappelant que le pays n'était pas sous assistance financière du Fonds. "Quand c'est nécessaire et possible, il faut réduire le rythme de l'ajustement budgétaire. C'est certainement une position que nous avons soutenue dans le cas du Portugal et de l'Espagne", a déclaré Mme Lagarde lors d'un discours à Washington. En proie à d'importantes difficultés financières, l'Espagne se refuse à demander une aide internationale et mais a annoncé en juillet un plan d'économie drastique destiné à récupérer 65 milliards d'euros avant la fin 2014, notamment en augmentant la TVA, afin de ramener son déficit sous la barre des 3% de son produit intérieur brut. En juillet, le FMI avait salué ce plan comme étant un "pas dans la bonne direction". S'exprimant plus généralement sur les plans d'austérité mis en œuvre dans les trois pays de la zone euro sous assistance financière (Irlande, Grèce, Portugal), Mme Lagarde a estimé que ces plans devaient être appliqués "de la manière la plus judicieuse et souple possible". La patronne du Fonds a notamment appelé les autorités à se concentrer davantage sur les "mesures" politiques que sur les "objectifs" chiffrés, notamment en termes de réduction des déficits. "Il y a des circonstances économiques qui sont telles que les objectifs ne seront pas atteints", a précisé Mme Lagarde. Le FMI s'est récemment déclaré favorable à une extension du délai accordé à la Grèce, en butte à de graves difficultés, pour ramener son déficit public à 2,1% du PIB, contre 7,3% prévus en 2012. Athènes est actuellement en négociation avec la troïka des bailleurs internationaux (Commission Européenne, FMI et Banque centrale européenne) pour finaliser un plan d'économies de 11,5 milliards d'euros, condition au déblocage d'une nouvelle tranche d'aide. Lagarde donne du poids au "problème de financement" de la Grèce La patronne du FMI, Christine Lagarde, a pointé le "problème de financement" qui persisterait en Grèce en dépit de l'aide internationale et pourrait augurer d'un nouveau plan de soutien à Athènes sur fond de ralentissement de l'économie mondiale. Alors que le gouvernement grec et ses bailleurs de fonds de la troïka cherchent 11,5 milliards d'économies, condition au versement d'une nouvelle tranche d'aide, la directrice générale du Fonds monétaire international a prévenu: "Nous n'avons pas seulement besoin" de cela. "Etant donné l'immense retard du processus de privatisation et la collecte limitée des recettes fiscales, il y a un problème de financement" de l'Etat grec", a souligné Mme Lagarde, lors d'une allocution dans un centre de réflexion de Washington. Cette petite phrase donnera du grain à moudre à ceux qui martèlent que les 130 milliards d'euros accordés en mars à la Grèce par le FMI, l'Union européenne et la Banque centrale européenne ne suffiront pas à répondre aux immenses difficultés de financement du pays, dont l'accès aux marchés est limité."Le problème de la dette grecque devra être réglé", a ajouté Mme Lagarde, alors que la dette du pays a déjà bénéficié en mars de la plus grande restructuration de l'Histoire, avec l'effacement de 107 milliards d'euros de créances détenues par les investisseurs privés. Qui paierait l'addition en cas de nouveau plan ? Le FMI a officiellement toujours botté en touche mais des sources internes assurent que le soutien financier à Athènes a atteint ses limites. Ralentir le rythme des réductions de déficit "Tout fonds additionnel viendra exclusivement de l'Europe. Le FMI a épuisé toutes ses possibilités" de prêts, a récemment indiqué le représentant grec au Fonds, Thanos Catsambas. Dans son discours, Mme Lagarde, n'a évidemment pas tranché ce débat mais elle a néanmoins appelé la "communauté internationale" à fournir aux pays touchés par la crise de la zone euro "tout le soutien dont ils ont besoin, y compris financier". Plus généralement, la patronne du FMI, qui doit rencontrer, aujourd'hui, la chancelière allemande Angela Merkel, a délivré son vademecum pour pays européens en crise : ils doivent, si possible, "ralentir" le rythme de la réduction des déficits et s'attacher davantage aux "mesures" qu'aux "objectifs" chiffrés. Etrangement, Mme Lagarde a spécifiquement fait référence à l'Espagne, qui n'est pas sous assistance financière et qui avait annoncé en juillet un plan d'austérité drastique alors salué comme "un pas dans la bonne direction" par le FMI. Sans doute la dégradation de la conjoncture mondiale joue-t-elle dans ce léger rééquilibrage entre austérité et croissance. Avant-hier, la patronne du Fonds a de nouveau insisté sur les nombreuses "incertitudes" qui planent sur l'économie du globe et a confirmé que les prochaines prévisions de croissance mondiale, dévoilées en octobre, seraient légèrement abaissées. "La situation s'apparente à un puzzle. Certaines pièces sont en place et on sait à quoi doit ressembler l'image finale. Mais pour finaliser l'image, nous devons assembler toutes les pièces", a indiqué Mme Lagarde. La directrice générale du FMI s'est certes réjouie du "rôle clé" joué par les banques centrales à travers le monde, distinguant la Banque centrale européenne (BCE) dont le récent programme de rachat d'obligations aurait, selon elle, "marqué un tournant dans la crise". Mais elle a également pointé les "cicatrices durables" laissées par le chômage, notamment en Grèce et en Espagne, et le "fardeau de la dette" qui continuera de peser dans l'avenir. "Nous avons besoin d'une reprise durable, pas d'un petit rebond", a-t-elle déclaré. Le programme de rachat de la BCE, "tournant" dans la crise Le nouveau programme de rachat d'obligations de la Banque centrale européenne (BCE) marque un "tournant" dans la crise de la zone euro, a estimé la directrice générale du Fonds Christine Lagarde."C'était clairement un tournant", a estimé dans un discours à Washington Mme Lagarde, se référant au programme illimité de rachats d'obligations d'Etats en difficulté annoncé début septembre par la BCE et que le FMI devrait en partie superviser. Plus globalement, la directrice générale du FMI a rendu hommage au "rôle clé" joué par les Banques centrales pour faire face à la crise économique. Selon elle, la nouvelle vague d'assouplissement monétaire décidée par la Banque centrale américaine (Fed) ainsi que le programme de rachat d'obligations annoncé par la Banque centrale du Japon constituent "d'importants pas dans la bonne direction" "Il se pourrait que les banques centrales se voient au final reconnaître un rôle majeur pour avoir sorti l'économie mondiale de cette grande dépression", a estimé Mme Lagarde. Baptisé OMT, le nouveau programme de rachat annoncé par la BCE sera assorti de strictes conditions et ne sera ainsi réservé qu'aux pays ayant préalablement fait appel à un plan d'aide du fonds de secours européen.