Un expert de l'ONU a prévenu lundi que "si les acteurs nationaux, régionaux et internationaux échouent à trouver une solution au conflit en Syrie, l'alternative sera la destruction politique, économique et sociale de ce pays avec des répercussions dévastatrices pour la région et le reste du monde". C'est ce qu'a affirmé Paulo Pinheiro, président de la Commission internationale d'enquête sur la Syrie, dans son rapport présenté devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. La violence en Syrie a franchi de "nouveaux paliers de destruction", selon M. Pinheiro qui a plaidé en faveur d'une "solution politique à un conflit qui ne cesse de se militariser." Insistant sur "la nécessité d'une initiative diplomatique", le président de cette commission d'enquête indépendante a également prévenu que "cette guerre présente tous les signes d'une impasse destructrice où ni le gouvernement ni les forces anti-gouvernementales n'ont été capables de s'imposer jusqu'à présent sur le plan militaire, provoquant une escalade sans fin dans l'espoir illusoire que la victoire est à portée de main". Le rapport présenté par M. Pinheiro conclut aussi que la principale cause des pertes civiles, des déplacements massifs et des destructions est "la manière irresponsable dont les deux parties au conflit se livrent aux hostilités" en recourant aveuglément notamment aux tirs d'obus et aux bombardements aériens. Par ailleurs, il a soutenu que la capture et la détention, dans le Golan syrien, par les "Martyrs de Yarmouk", de 21 Casques bleus de la Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement (FNUOD), "reflète la dérive du conflit". En outre, le rapport dénonce le recours à des enfants-soldats, certains âgés de 13 ans, par les forces antigouvernementales à des fins opérationnelles, tandis que des informations font état de garçons de moins de 12 ans recrutés par les troupes gouvernementales. "Un échec à résoudre ce conflit de plus en plus violent condamnerait la Syrie, la région et des millions de civils pris entre deux feux à un avenir extrêmement sombre", résume la Commission. Dans ce sillage, elle considère que la dernière initiative du Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui propose que l'ONU facilite des négociations entre les parties, "représente une étape dans la bonne direction et mérite d'être soutenue". L'UE préoccupée par les Européens qui y combattent De son côté,l'Union européenne (UE) s'est dite inquiète par la présence d'Européens parmi les groupes armés qui combattent en Syrie et qui pourraient "représenter une menace" lors de leur retour dans leur pays, a indiqué le coordinateur européen de la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. Les pays européens sont appelés à ne pas relâcher leurs efforts même si le réseau terroriste d'Al-Qaïda et ses affiliés ont connu "un sérieux revers" au Mali avec la perte du contrôle du nord du pays et la mort d'un certain nombre de hauts responsables, a averti M. de Kerchove à l'occasion de la Journée de souvenir des victimes du terrorisme. "Nous savons que les terroristes sont constamment en train de rechercher de nouveaux refuges d'où ils peuvent conduire leurs opérations et prendre l'avantage dans les situations de conflit", a-t-il déclaré.La Syrie est devenue "une destination" pour des citoyens européens, "qui veulent tirer profit de la situation locale et qui peuvent représenter une menace pour nos société à leur retour", a-t-il ajouté dans une déclaration. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait lui aussi récemment lancé le même avertissement, alors que le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, avait estimé dimanche que "plusieurs dizaines" de Français ou de résidents en France étaient présents en Syrie.