Le président de la commission d'enquête sur la Syrie Paulo Pinheiro a dressé, hier, à Genève un tableau dramatique de la situation des droits de l'homme en Syrie. Devant le Conseil, il a affirmé que le nombre, le rythme et l'intensité des violations ont augmenté ces dernières semaines. "La fréquence avec laquelle ces énormes violations sont commises dépasse les capacités de la commission de les enquêter", a déclaré le président de la commission en présentant devant le Conseil des droits de l'homme son rapport, mis à jour sur la base d'entretiens supplémentaires de victimes. "Les civils, dont beaucoup d'enfants, sont les premières victimes de la spirale de la violence", a-t-il déploré. Attaques indiscriminées "Dans une escalade dramatique, des attaques indiscriminées contre les civils sous la forme de frappes aériennes et de bombardements d'artillerie contre des faubourgs résidentiels ont lieu chaque jour dans certaines zones des provinces d'Alep, Damas, Derea, Lattaquié, Idlib et Homs", a expliqué l'expert de l'ONU. La commission "a trouvé des raisons suffisantes de croire que les forces du gouvernement et les milices shabiha ont commis des crimes de guerre, de graves violations des droits de l'homme et des crimes contre l'humanité". Paulo Pinheiro a mentionné des assassinats, exécutions sommaires, tortures, arrestations et détentions arbitraires, violences sexuelles, violations des droits des enfants, pillages et destructions de biens civils, dont des hôpitaux et des écoles. Crimes de l'opposition Les forces rebelles de l'opposition ont également commis des crimes de guerre, dont des meurtres, des exécutions sommaires, des actes de torture, l'utilisation d'armes imprécises et indiscriminées. "Ces violations, bien que sérieuses, n'ont pas le degré de gravité, de fréquence et l'ampleur de celles commises par les forces gouvernementales et leurs alliées", a affirmé Paulo Pinheiro. La Syrie a pour sa part boycotté le débat organisé au Conseil des droits de l'homme. Aucune délégation ne s'est présentée. Des mesures appropriées recommandées au Conseil de sécurité Paulo Pinheiro, a recommandé au Conseil de sécurité de prendre les mesures appropriées alors que les abus progressent en nombre, rythme et intensité. M. Pinheiro présentait, hier, devant le Conseil des droits de l'homme son dernier rapport sur la Syrie, publié à la mi-août. Nous avons recommandé que notre rapport soit transmis au Conseil de sécurité de sorte qu'il puisse prendre +les mesures appropriées au vu de la gravité des violations, abus et crimes perpétrés par les forces gouvernementales et les Chabiha (milices pro-régime), et par des groupes antigouvernementaux, a déclaré l'expert brésilien. Il a toutefois évité de mentionner dans son intervention la Cour Pénale Internationale (CPI) qui ne peut être saisie que par le Conseil de Sécurité. Il n'y a pas de consensus quant à une éventuelle saisine de la CPI, souligne-t-on de source diplomatique occidentale à Genève. Avec 27 000 morts en 18 mois de conflit, des dizaines de milliers de réfugiés et de terribles destructions à travers le pays, aucun signe ne laisse entrevoir un règlement rapide du conflit syrien. La mission de Brahimi est vouée à l'échec, selon les rebelles La mission de l'émissaire pour la Syrie Lakhdar Brahimi est vouée à l'échec, a affirmé, avant-hier, un dirigeant rebelle, soulignant toutefois que les insurgés ne voulaient pas en être tenus responsables. Nous sommes sûrs que Brahimi échouera comme les autres émissaires avant lui, mais nous ne voulons pas être tenus responsables de cet échec, a affirmé à le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle à Alep (nord), en référence notamment à Kofi Annan, prédécesseur de M. Brahimi. Nous sommes convaincus qu'il va échouer parce que la communauté internationale ne veut pas en réalité aider le peuple syrien, a-t-il expliqué, en référence des divisions internationales qui empêchent de sanctionner le régime de Damas. Il s'exprimait à la suite d'entretiens via Skype entre le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, et des dirigeants rebelles comme lui-même, le colonel Qassem Saadeddine, porte-parole de l'Armée syrienne à l'intérieur, et le colonel Khaled Hobous, chef du conseil militaire rebelle de Damas. Nous avons discuté de la situation générale en Syrie, notamment des destructions occasionnées par le régime, a-t-il dit, précisant qu'il s'agit d'entretiens préliminaires avec l'émissaire qui a pris ses fonctions le 1er septembre. Les forces syriennes reprennent le quartier de Midan à Alep Sur le terrain, Les forces syriennes ont repris à l'insurrection le quartier de Midan à Alep (nord),ont affirmé avant-hier, les médias officiels syriens. Plusieurs dizaines d'insurgés ont été tués dans d'autres secteurs de cette ville de trois millions d'habitants, ajoute l'agence dont les informations ne peuvent pas être confirmées de source indépendante. Des missiles de l'aviation touchent le territoire libanais Quatre missiles tirés par deux avions de chasse syriens sont tombés hier matin, en territoire libanais près de la ville frontalière d'Arsal, selon des responsables locaux des services de sécurité qui n'ont pas fait état de victimes dans l'immédiat. A plusieurs reprises déjà, le conflit en Syrie a débordé sur le Liban voisin. Le pays du cèdre, sous tutelle syrienne pendant 30 ans jusqu'en 2005, est profondément divisé entre partisans et détracteurs du président syrien Bachar el-Assad. Ils se sont affrontés ces derniers mois, surtout dans la ville de Tripoli, au nord du Liban, tandis que des obus syriens sont tombés en territoire libanais.