Plusieurs dizaines de membres de l'opposition syrienne se sont retrouvés, hier matin, à Istanbul pour tenter de se choisir un Premier ministre et un gouvernement provisoire chargés d'administrer les régions de Syrie contrôlées par les rebelles qui combattent le président Bachar al-Assad. Cette réunion, organisée dans un hôtel de la mégalopole turque, rassemble pour deux jours les responsables de la Coalition nationale syrienne, reconnue par des dizaines de pays comme le seul représentant légitime du peuple syrien. Elle intervient après deux ans d'une guerre qui a fait plus de 70.000 morts. La nomination d'un Premier ministre intérimaire a déjà été reportée à plusieurs reprises, les membres de la Coalition n'étant jusque-là pas parvenus à trancher entre la formation d'un véritable gouvernement ou la mise en place d'un organe exécutif simplifié aux pouvoirs plus limités. Une dizaine de personnalités ont déjà déclaré leur candidature au poste de chef du gouvernement, si les discussions d'Istanbul permettent l'organisation d'une élection. Trois d'entre eux font figure de favoris: un ancien ministre de l'Agriculture de l'ancien président Hafez al Assad, un économiste et un cadre supérieur dans les télécoms, qui ont vécu longtemps aux Etats-Unis. La première tâche de ce Premier ministre consistera à nommer un gouvernement qui sera chargé de gérer les territoires du nord et de l'est du pays conquis de haute lutte par les insurgés mais plongés dans le chaos. 96 morts dans de nouvelles violences dimanche Sur le terrain, les violences ont fait 96 morts dimanche à travers la Syrie selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). De violents combats entre les forces régulières et les brigades rebelles se sont poursuivis dans le secteur de la localité de Khan Toman", selon l'OSDH, indiquant que les insurgés avaient pris le contrôle d'une école proche des dépôts d'armes. Dans la ville d'Alep (nord), des accrochages ont opposé les forces du régime à des rebelles dans le quartier de Sakhour, tuant trois civils. Dans la province de Soueida (sud) jusqu'ici relativement épargnée par le conflit, des accrochages ont opposé "des hommes des comités populaires armés pro-régime à Dama (nord-ouest) à des Bédouins combattant aux côtés des rebelles qui avaient attaqué des points de contrôle des comités populaires dans le village". Trois membres des "comités populaires" au moins ont été tués ainsi que huit rebelles et combattants bédouins dans ces affrontements qui ont duré plusieurs heures, selon cette ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins. Dans la province de Damas, les forces loyalistes ont bombardé Hajar al-Aswad (sud-ouest) et les combats se sont poursuivis à Barzé, un quartier nord de la capitale que fuyaient les habitants, selon l'OSDH. Des combats ont également eu lieu dans les quartiers de Joubar (est), Qaboun (nord) et les abords du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk (sud). L'Observatoire fait également état de bombardements contre le village de Qoussair, dans le centre de la Syrie et des habitants des villages libanais frontaliers ont fait état d'explosions et de tirs d'armes automatiques.