Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse, avant-hier à New York, tirés à la baisse par des craintes sur la demande de brut dans le monde. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a cédé 1,13 dollar à 93,51 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Un rapport de l'AIE a conforté une tendance à réviser en baisse la demande de brut dans le monde, après les chiffres de l'OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) et de l'EIA, émanation du département américain de l'Energie, a noté Matt Smith, de Schneider Electric. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a très légèrement baissé avant-hier sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2013, avec un ajustement de 45 000 barils par jour de moins que dans ses prévisions du mois dernier, invoquant une économie mondiale toujours au ralenti. La faiblesse de la demande européenne, qui devrait tomber à des niveaux comparables à ceux des années 1980 en 2013, avec une consommation attendue à 14,1 millions de barils par jour (mbj), pèsent particulièrement, a relevé M. Smith. Plus globalement, la demande a été exceptionnellement faible au sein des pays de l'OCDE, a souligné l'AIE. Le marché reste en situation de surplus d'offre, ont résumé les analystes de Commerzbank, ce qui pèse sur les prix du brut. Le recul des cours a été limité par l'humeur généralement haussière des marchés financiers, au lendemain de nouveaux records historiques à Wall Street, a ajouté M. Smith. La forte baisse des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis dans les premiers jours d'avril, qui a effacé une bonne partie de leur hausse des trois semaines précédentes, a également donné un léger coup de pouce aux prix. Mais les courtiers continuent de digérer les chiffres des stocks pétroliers diffusés la veille par le ministère de l'Energie américain. Le marché, qui était agité par des craintes sur l'approvisionnement en essence dans le pays alors qu'une série de problèmes logistiques ont empêché récemment un bon fonctionnement des raffineries, a été soulagé par la hausse surprise des réserves, a souligné John Kilduff, de Again Capital. Cela a fait baisser les prix, a-t-il noté. Ces stocks ont augmenté de 1,7 million de barils à 222,4 millions de barils, au cours de la semaine achevée le 5 avril, surprenant les experts qui tablaient sur une baisse. Les stocks de brut ont, eux, atteint un nouveau plus haut depuis le dernier sommet de juillet 1990, à 388,9 millions de barils, mais ils sont restés inférieurs à ce que certains analystes avaient redouté, a noté Phil Flynn, de Price Futures Group. En Asie, les cours du pétrole étaient en légère baisse dans les échanges matinaux, les investisseurs pesant d'un côté une hausse des stocks de brut aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir, et de l'autre l'euphorie des marchés financiers américains. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai cédait 26 cents, à 94,38 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai également perdait 17 cents, à 105,62 dollars. "Les cours se replient un peu parce que les courtiers réalisent que les stocks de brut ont augmenté à des niveaux quasi records", a relevé David Lennox, analyste chez Fat Prophets à Sydney. Hausse moins forte que prévu des stocks américain de brut au 05/04 Les stocks de pétrole brut ont augmenté moins que prévu par les analystes la semaine dernière aux Etats-Unis, selon les chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) publiés la veille. Les réserves de brut ont progressé de 300 000 barils lors de la semaine achevée le 5 avril pour s'établir à 388,9 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires avaient misé sur une progression de 1,2 million de barils. Ces stocks avaient déjà gonflé de 6 millions de barils lors des deux semaines précédentes, nourrissant les inquiétudes sur la surabondance d'or noir aux Etats-Unis. Ils se maintiennent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 6,5% par rapport à leur niveau d'il y a un an, a précisé le ministère. Les réserves de produits distillés ont de leur côté diminué de 200 000 barils à 112,8 millions de barils, soit moins que le recul de 1,2 million de barils anticipé par les analystes. Ces stocks, qui incluent le gazole et le fioul de chauffage et sont particulièrement surveillés par les investisseurs au sortir de l'hiver, sont en baisse de 14,5% sur un an et évoluent autour de la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence ont de leur côté augmenté de 1,7 million de barils à 222,4 millions de barils, surprenant les experts qui tablaient sur une baisse de 1 million de barils. Elles s'approchent de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 2,2% par rapport à leur niveau de l'an dernier, a précisé le ministère. Surveillées de près par les courtiers, les réserves de brut à Cushing (Oklahoma), où le pétrole qui sert de référence au WTI s'est accumulé ces derniers mois, ont de nouveau augmenté, de 900 000 barils, à 50,1 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont augmenté de 5,9 millions de barils. Côté demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 18,4 millions de barils de produits pétroliers par jour, soit 0,9% de plus qu'à la même période de l'année dernière. La demande de produits distillés a progressé de 8,3% par rapport à la même période en 2012, et la demande en essence a reculé de 2,4%. Les raffineries américaines ont légèrement accéléré la cadence, fonctionnant à 86,8% de leur capacité contre 86,3% la semaine précédente.