Les cours du pétrole ont creusé leurs pertes avant-hier à New York après une dégringolade la veille, dans un marché saisi d'une grande anxiété à la veille de la publication de chiffres mensuels sur l'emploi aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a glissé de 1,19 dollar à 93,26 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), retrouvant des niveaux plus vus depuis fin mars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a fini à 106,34 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 77 cents par rapport à la clôture de la veille. Il a glissé jusqu'à 105,73 dollars vers la mi-seance, un niveau plus vu depuis début novembre. Après avoir subi des pertes spectaculaires la veille, de près de trois dollars des deux côtés de l'Atlantique, les cours de l'or noir ont poursuivi leur chute avant-hier, en réaction aux inquiétudes croissantes des opérateurs concernant la demande en brut du premier consommateur mondial. "Tout le monde se positionne avant le rapport mensuel sur l'emploi et le chômage" américains à paraître vendredi, a relevé Tariq Zahir, de Tyche Capital Advisors. Ce rapport officiel est considéré comme un baromètre de la vigueur économique du pays, premier consommateur de brut dans le monde. Or, "des chiffres terribles sur les inscriptions au chômage avant-hier n'ont fait qu'accélérer la pression (au lendemain) de l'enquête ADP" qui a montré la veille un fort ralentissement des embauches dans le secteur privé en mars aux Etats-Unis, a noté Matt Smith, de Schneider Electric. "Ils sont de très mauvais augure". Pour la troisième semaine de suite, les nouvelles inscriptions au chômage ont augmenté contre toute attente aux Etats-Unis dans les derniers jours de mars, et ont atteint leur niveau le plus élevé depuis fin novembre. La fermeture, vendredi dernier, à la suite d'une fuite d'un oléoduc transportant quelque 90 000 barils par jour de brut canadien du nord (Illinois) au sud des Etats-Unis, vers les raffineries du golfe du Mexique, au Texas, "a créé les conditions en début de semaine d'une forte chute des prix", a estimé quant à lui Jason Schenker, de Prestige Economics. En effet, cela laissait anticiper un engorgement croissant des réserves de brut, et l'annonce la veille par les autorités américaines d'une nouvelle hausse des stocks la semaine passée, à leur plus haut niveau depuis juillet 1990 aux Etats-Unis, "a précipité ce recul", a-t-il noté. La surabondance d'or noir dans le pays est un indicateur peu encourageant pour les perspectives de demande énergétique du géant américain. Cependant, la forte baisse des prix du baril entamée la veille après l'annonce du gonflement des stocks américains de brut "apparaît exagérée", ont tempéré les experts de Commerzbank, tout en reconnaissant que le marché n'en devrait pas moins "rester sous pression à court terme". De son côté, le P-DG du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, a estimé qu'il n'y avait aucun changement de tendance sur le marché du pétrole. "Les prix ne vont ni chuter, ni continuer à augmenter. Je pense qu'on est dans une fourchette de 105-115 dollars par baril (pour le Brent coté à Londres, ndlr) et il n'y a pas de changement. Les prix du brut sont stables", a-t-il déclaré en marge d'une conférence du secteur pétrolier à Paris. En Asie, les cours du pétrole étaient mitigés après avoir plongé de près de 3 dollars la veille à New York et à Londres dans un marché miné par la surabondance des stocks d'or noir aux Etats-Unis et la crainte de voir ralentir la demande mondiale. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai perdait 4 cents à 94,41 dollars en milieu de matinée tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à la même échéance avançait de 26 cents à 107,37 dollars. Les cours de l'or noir "ont trébuché à cause des chiffres sur les stocks qui se sont révélés moins bons que prévu" mais le "marché récupère à mesure que les investisseurs digèrent le fait que les stocks restent finalement relativement modestes avec une demande des entreprises soutenue aux Etats-Unis", a indiqué David Lennox, analyste chez Fat Prophets à Sydney.
Hausse plus forte que prévu des stocks US de brut au 29/03 Les stocks de pétrole brut ont augmenté près de deux fois plus que prévu la semaine dernière aux Etats-Unis, selon les chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) publiés la veille. Les réserves de brut ont progressé de 2,7 millions de barils lors de la semaine achevée le 29 mars pour s'établir à 388,6 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires avaient misé sur une progression de 1,5 million de barils seulement. Ces stocks avaient déjà gonflé de 3,3 millions de barils la semaine précédente, soit cinq fois plus que prévu, après avoir enregistré un recul inattendu la semaine d'avant, nourrissant les inquiétudes sur la surabondance d'or noir aux Etats-Unis. Ils se maintiennent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 7,2% par rapport à leur niveau d'il y a un an, a précisé le ministère. Les réserves de produits distillés ont de leur côté diminué de 2,3 millions barils à 113,00 millions de barils, soit deux fois plus que le recul de 1,1 million de barils anticipé par les analystes. Ces stocks, qui incluent le gazole et le fioul de chauffage, sont particulièrement surveillés par les investisseurs au sortir de l'hiver, alors que les températures restent basses dans le pays. Ils sont en baisse de 16,9% sur un an et évoluent autour de la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence ont diminué 600 000 barils à 220,7 millions de barils, un chiffre proche des attentes des experts qui tablaient sur une baisse de 500 000 barils. Elles restent au milieu de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en baisse de 0,6% par rapport à leur niveau de l'an dernier, a précisé le ministère. Surveillées de près par les courtiers, les réserves de brut à Cushing (Oklahoma), où le pétrole qui sert de référence au WTI s'est accumulé ces derniers mois, ont reculé de 300 000 barils, à 49,2 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont reculé de 100 000 barils. Côté demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 18,6 millions de barils de produits pétroliers par jour, soit 2,2% de plus qu'à la même période de l'année dernière. La demande de produits distillés a progressé de 5,5% par rapport à la même période en 2012, et la demande en essence a reculé de 1,2%. Les raffineries américaines ont accéléré la cadence, fonctionnant à 86,3% de leur capacité contre 85,7% la semaine précédente.