Le cours du pétrole a grimpé pour la cinquième séance consécutive avant-hier à New York malgré la publication d'indicateurs américains contrastés, profitant de la baisse du dollar et de l'embellie de Wall Street, où l'indice S&P 500 s'approchait de son record. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a gagné 65 cents à 97,23 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour la dernière séance de la semaine, les marchés américains étant fermés vendredi à l'occasion des fêtes de Pâques. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a terminé à 110,02 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 33 cents par rapport à la clôture de la veille. Le S&P 500 est en passe de dépasser son record historique à Wall Street, ce qui favorise l'appétit des investisseurs pour les actifs jugés risqués comme les matières premières, a relevé John Kilduff, d'Again Capital. Parallèlement on observe un léger recul du dollar, ce qui aide à pousser le marché vers le haut, a ajouté l'expert. L'affaiblissement du billet vert rend en effet plus attractifs les achats de brut libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. La monnaie américaine s'est notamment affaiblie face à l'euro, qui est repassé au-dessus de la barre des 1,28 dollar suite à la réouverture dans le calme des banques de Chypre après 12 jours de fermeture. Les files d'attentes ordonnées et l'absence de panique devant les banques ont calmé les marchés, a remarqué Matt Smith, de Schneider Electric. Pourtant les cours du pétrole avaient entamé la séance à la baisse après la diffusion de statistiques contrastées sur les Etats-Unis, laissant les investisseurs s'interroger sur la vigueur de la consommation de brut aux Etats-Unis, premier consommateur de la planète. Les chiffres qui sont sortis avant-hier matin sont un peu plus faibles que ce à quoi on s'attendait. Or tout signe un peu moins reluisant pour l'économie implique potentiellement une activité plus faible et donc une baisse de la demande énergétique, a noté Bart Melek, de TD Securities. Les nouvelles inscriptions au chômage ont notamment accéléré leur hausse aux Etats-Unis du 16 au 23 mars, progressant de 4,6% par rapport à la semaine précédente alors que les analystes tablaient sur une hausse bien moins prononcée (+0,5%). L'activité économique de la région de Chicago a également ralenti sa progression en mars, selon l'indice local des directeurs des achats de l'association professionnelle ISM publié avant-hier. Les autorités américaines ont par ailleurs fait part d'une révision positive du produit intérieur brut du pays au dernier trimestre 2012, qui a ralenti mais un peu moins fortement qu'on le pensait jusque-là. En Asie, dans les échanges matinaux, les cours du pétrole s'affichaient en hausse, portés par des indicateurs économiques positifs aux Etats-Unis et l'accélération de la production de brut américain même si la hausse était pondérée par les inquiétudes concernant la zone euro. Après avoir atteint la veille un plus haut depuis près de six semaines, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai gagnait avant-hier 17 cents, à 96,75 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance prenait 11 cents, à 109,69 dollars. Les prix du brut accroissent leurs gains "sous l'effet de données économiques relativement solides et une réouverture d'installations" pétrolières aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir, a relevé Sanjeev Gupta chez Ernst & Young à Singapour. Hausse plus forte que prévu des stocks US de brut au 22/03 Les stocks de pétrole brut ont augmenté près de cinq fois plus que prévu la semaine dernière aux Etats-Unis, selon les chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) publiés la veille. Les réserves de brut ont grimpé de 3,3 millions de barils lors de la semaine achevée le 22 mars pour s'établir à 385,9 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires avaient misé sur une progression plus modeste, de 700 000 barils. Ces stocks avaient enregistré un recul inattendu la semaine précédente, après avoir gonflé d'environ 23 millions de barils en deux mois, ce qui avait alimenté les inquiétudes sur la surabondance d'or noir aux Etats-Unis et plombé le cours du WTI. Ils se maintiennent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 9,2% par rapport à leur niveau d'il y a un an, a précisé le ministère. Les réserves de produits distillés ont de leur côté reculé de 4,5 millions de barils à 115,30 millions de barils, soit bien plus que la baisse de 600 000 barils anticipée par les analystes. Ces stocks, qui incluent le gazole et le fioul de chauffage et sont particulièrement surveillés par les investisseurs en fin de période hivernale, sont en baisse de 15,2% sur un an. Ils se maintiennent dans la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence ont diminué moins nettement de 1,6 million de barils à 221,20 millions de barils, mais là aussi plus que prévu par les experts qui attendaient un recul de 900 000 barils. Elles restent au milieu de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en baisse de 1,0% par rapport à leur niveau de l'an dernier, a précisé le ministère. Surveillées de près par les courtiers, les réserves de brut à Cushing (Oklahoma), où le pétrole qui sert de référence au WTI s'est accumulé ces derniers mois, ont de nouveau progressé de 500 000 barils, à 49,5 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont reculé de 1,9 million de barils. Côté demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 18,4 millions de barils de produits pétroliers par jour, soit 1,2% de plus qu'à la même période de l'année dernière. La demande de produits distillés a progressé de 5,8% par rapport à la même période en 2012, et la demande en essence a reculé de 0,2%.Les raffineries américaines ont accéléré la cadence, fonctionnant à 85,7% de leur capacité contre 83,5% la semaine précédente.