Des scientifiques réunis à Interlaken (Suisse) sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), ont averti hier que de nombreuses races d'élevage africaines, asiatiques et latino-américaines sont menacées d'extinction. En effet, ces mêmes spécialistes estiment qu'il sera impossible de sauver toutes les races menacées. Aussi, ces derniers préconisent l'établissement rapide de banques de gènes afin de conserver le sperme et les ovaires des races en voie d'extinction. Il faut dire que selon un rapport de la FAO présenté hier à plus de 300 scientifiques, éleveurs et fonctionnaires, une dépendance excessive à l'égard d'un nombre restreint de races d'élevage, comme les vaches Holstein Frisonne, les poules pondeuses White Leghorn, et les porcs Large White à croissance rapide, entraîne la perte d'une race d'élevage par mois en moyenne. A titre d'exemple la vache laitière noire et blanche Holstein Frisonne est aujourd'hui présente dans 128 pays et dans toutes les régions du monde, selon l'étude menée dans 169 pays. En outre, les pays en voie de développement, qui regroupent près de 70 % des races de bétail existant encore dans le monde, sont en première ligne. Ces dernières années, de nombreux petits exploitants agricoles de ces pays ont abandonné l'élevage des animaux traditionnels au profit de races à rendement plus élevé importées d'Europe et des États-Unis. Les scientifiques prédisent qu'en Ouganda, la race autochtone de bovins Ankole, réputés pour leurs cornes immenses et gracieuses, pourrait disparaître d'ici vingt ans parce qu'elle est rapidement supplantée par les Holstein Frisonne, qui produisent davantage de lait. Pourtant, lors d'une sécheresse récente, les quelques agriculteurs qui avaient gardé leurs vaches Ankole ont pu les abreuver à des sources d'eau éloignées, tandis que ceux qui les avaient remplacées par des races importées ont perdu tout leur troupeau. En effet, les espèces des pays en voie de développement sont indispensables pour l'adaptation du cheptel aux conditions climatiques et sanitaires difficiles de leur environnement, ont souligné les experts. Il est donc essentiel de préserver le capital génétique des races d'élevage menacées d'extinction, soulignent les scientifiques réunis à Interlaken, qui préconisent d'encourager, y compris financièrement, l'élevage des races autochtones.