Les perspectives de croissance sont plus incertaines après les turbulences sur les marchés financiers provoquées par le retournement du secteur immobilier américain, prévient l'OCDE qui plaide pour un assouplissement rapide de la politique monétaire américaine. Dans son évaluation intérimaire des principales économies du G7 publiée mercredi, l'Organisation de coopération et de développement économiques recommande un statu quo monétaire au sein de la zone euro et au Japon tant que les marchés ne sont pas stabilisés. L'OCDE, qui a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les économies du G7 à l'exception du Japon, du Royaume-Uni et du Canada, estime que les risques baissiers pour l'activité se sont renforcés dans un contexte où les conditions de financement vont rester durablement plus strictes. L'Organisation a revu en baisse de 0,1 point à 2,2% sa prévision de croissance pour le G7 cette année et de 0,2% à 1,9% celle pour les Etats-Unis. "Nos estimations ne prennent pas en compte les effets potentiellement négatifs que les turbulences récentes du marché du crédit pourraient entraîner", prévient toutefois l'économiste en chef de l'OCDE dans un entretien au Monde daté de jeudi. "Il est trop tôt pour appréhender (...) les effets potentiels de ces turbulences (...) dont l'intensité dépendra notamment de la capacité des autorités monétaires et financières à stabiliser le marché", ajoute-t-il. L'action rapide et déterminée des banques centrales a permis de limiter les turbulences sur les marchés, souligne l'OCDE. L'Organisation rappelle qu'au-delà de la gestion de la liquidité à court terme, la politique monétaire doit continuer à se concentrer en priorité sur les perspectives d'inflation et de croissance. Alors que le secteur immobilier devrait peser plus durablement et de manière plus importante que prévu sur la croissance américaine, l'OCDE recommande une baisse rapide des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed). Sans prévoir de récession aux Etats-Unis, Jean-Philippe Cotis, n'a pas exclu cette éventualité dans un entretien avec Reuters. "Notre diagnostic est un ralentissement", a-t-il dit tout en reconnaissant que le retournement conjoncturel était de plus grande ampleur que l'OCDE ne l'anticipait. "La croissance devrait nettement ralentir, en raison de la détérioration plus forte que prévu dans le secteur de la construction", a-t-il précisé au Monde. Aussi plaide-t-il pour une baisse de l'objectif des fonds fédéraux d'un quart de point dès ce mois-ci après la réduction de 0,50% à 5,75% du taux d'escompte décidée par la Fed le 17 août. Jean-Philippe Cotis préconise un statu quo de la BCE comme de la Banque du Japon tant que les marchés ne sont pas stabilisés. En revanche, l'OCDE estime qu'au regard de la hausse de l'inflation sous-jacente au sein de la zone euro, un durcissement de la politique monétaire par la BCE reste d'actualité. Alors que la croissance a marqué le pas au sein de la zone euro au deuxième trimestre, l'OCDE estime que le pic de la reprise est désormais dépassé.b Ses experts ont revu en baisse de 0,1 point leur prévision de croissance pour la zone en 2007 à 2,6% tout en tablant sur une progression de l'activité de 0,6% au troisième trimestre et de 0,5% au quatrième trimestre après +0,3% au deuxième. Les prévisions de croissance en moyenne annuelle ont été revues en nette baisse pour la France comme pour l'Allemagne de 0,4 point à 1,8% et 0,3 point à 2,6% respectivement. "La France n'a pas autant participé que ses voisins européens à la reprise de la zone euro. La croissance de la demande est relativement soutenue mais l'offre peine à suivre", explique Jean-Philippe Cotis dans son entretien au Monde. Pour le Japon, l'OCDE a maintenu inchangée sa prévision de croissance pour cette année à 2,4% avec une hausse de l'activité attendue de 0,5% au troisième et au quatrième trimestres après +0,1% au deuxième trimestre. Pour Jean-Philippe Cotis, la Banque du Japon ne devrait pas poursuivre le resserrement de sa politique monétaire tant que la volatilité sur les marchés financiers n'est pas redescendue et que l'économie japonaise n'est pas sortie de la déflation. Tirant de premiers enseignements des récentes turbulences sur les marchés financiers, l'OCDE estime qu'elles ont mis en lumière des imperfections dans le fonctionnement du marché immobilier américain et plus largement des marchés globaux du crédit. Si l'Organisation estime que les marchés corrigeront d'eux-mêmes certaines de ces imperfections, elle recommande un renforcement de la réglementation dans certains domaines et plaide pour une plus grande transparence. L'OCDE estime qu'une supervision plus globale du segment "subprime" du marché hypothécaire américain serait souhaitable.