Le Fonds monétaire international (FMI) va réviser à la baisse ses prévisions de croissance 2008, surtout aux Etats-Unis mais aussi en zone euro, pour prendre en compte la crise des prêts hypothécaires américains qui a secoué les marchés financiers au mois d'août. « Il va y avoir des révisions à la baisse de nos projections de croissance, plutôt l'année prochaine que cette année », a indiqué jeudi Masood Ahmed, porte-parole de l'institution financière internationale, lors d'un point presse. « Dans l'ensemble toutefois, même avec des révisions à la baisse, nous pouvons envisager que se maintiennent des performances mondiales relativement fortes en termes de croissance », a-t-il nuancé, sans fournir d'indications chiffrées. Les détails de ces révisions doivent être rendus publics peu avant l'assemblée annuelle du FMI, « c'est-à-dire mi-octobre ». Le fonds avait relevé fin juillet ses prévisions de croissance mondiale, tablant sur une expansion de 5,2% du produit intérieur brut (PIB) en 2007 et 2008 (contre 4,9% précédemment). Depuis, les marchés ont été frappés par une vaste crise de confiance à la suite des difficultés dans le secteur des prêts immobiliers à risques, dits « subprime », aux Etats-Unis. Les bourses mondiales ont fortement baissé et, malgré les interventions des banques centrales, elles continuent de réagir très nerveusement à toutes les nouvelles économiques. A cet égard, M. Ahmed a rappelé que le FMI accueillait favorablement les initiatives prises par les instituts d'émission pour accroître la liquidité du marché. Celles-ci contribuent à créer un climat favorable à la résolution « ordonnée » de ces turbulences, a-t-il dit. « Nous pouvons déjà dire que ces révisions à la baisse sont susceptibles d'être les plus marquées aux Etats-Unis mais nous verrons également un impact dans la zone euro », a détaillé M. Ahmed. En juillet, le FMI avait déjà abaissé à 2,0% (au lieu de 2,2% annoncés en avril) sa prévision de croissance pour les Etats-Unis en 2007 et maintenu à 2,8% sa prévision pour 2008. Les prévisions de croissance pour la zone euro avaient été revues à la hausse (2,6% en 2007 et 2,5% en 2008). Jeudi, la Maison-Blanche, où le président George W. Bush se prévaut constamment de la bonne santé économique américaine, a relativisé la nouvelle. « Les problèmes récents dans le secteur de l'immobilier auront bien sûr un impact, mais nous nous attendons à ce que la croissance économique américaine se poursuive », a dit un porte-parole, Tony Fratto. « Les données fondamentales de l'économie américaine restent assez fortes pour soutenir une poursuite de la croissance de l'emploi », a-t-il dit. Fin août, le directeur général du Fonds monétaire international, Rodrigo Rato, s'exprimant alors au conditionnel, avait dit qu'au niveau mondial « la révision pourrait conduire légèrement en dessous de 5% ». L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a déjà abaissé mercredi ses prévisions de croissance 2007, expliquant elle aussi que « les perspectives de croissance sont maintenant bien moins bonnes » qu'avant la crise des « subprimes ». Pour les Etats-Unis, l'OCDE table désormais sur une croissance de 1,9% en 2007 contre 2,1% lors de ses prévisions de mai. « Il y aura un impact sur certains marchés émergents », a poursuivi jeudi le porte-parole du FMI, même si « les perspectives de croissance pour les marchés émergents demeurent globalement solides ».