Les services du contrôle, relevant du ministère du Commerce, sont passés à l'offensive en optant pour des inspections inopinées au niveau des chambres froides. L'opération touchera l'ensemble des wilayas du pays, notamment celles à vocation agricole. Ainsi, les chambres froides destinées au stockage de la pomme de terre particulièrement sont passées au peigne fin. Les pouvoirs publics ayant déjà annoncé un certain nombre de mesures visant à lutter contre la spéculation semblent passer à l'action à quelques jours seulement du mois sacré. C'est le cas à Chlef, à titre d'exemple, où quelque 59 lieux de stockage au niveau de cette wilaya ont fait l'objet d'un contrôle méticuleux de la part des services du contrôle a t- on appris auprès de la direction de la concurrence et des prix , selon des informations rapportées par l'APS. Cette opération qui fait suite aux directives du chef du gouvernement, a permis de vérifier le contenu de ces structures qui totalisent une capacité de stockage de 87 452 mètres cubes. Selon les conclusions de la commission de contrôle mise en place dans le cadre de cette opération, il a été constaté le stockage de 38 800 quintaux de pomme de terre, a indiqué la même source qui a précisé néanmoins que 32 000 quintaux sont stockés pour servir de semence, tandis que le reste, soit 6 800 quintaux, sont destinés à la commercialisation à des fins de consommation. "Il n'y a pas de sur-stockage de ce produit", estime-t-on. Les chambres froides contrôlées opèrent de "façon normale". Par ailleurs, les services agricoles de la wilaya ont souligné qu'une superficie de plus de 1 000 hectares consacrés à la production de la pomme de terre avait été touchée par la maladie du mildiou dans la wilaya, ce qui a causé des pertes considérables à la filière dans la région. Quant aux répercussions sur le marché , les prix en hausse du tubercule en disent quelque chose. En effet, l'augmentation des prix à la consommation de la pomme de terre a dépassé tout entendement. De 70 à 80 dinars le kilogramme, la pomme de terre est devenue désormais un produit de luxe. Même la semence n'a pas été épargnée, son prix étant revu à la hausse également. A vrai dire , la problématique de la semence, s'est posée depuis des années déjà, mais avec acuité depuis la saison précédente. Les producteurs de pomme de terre ont payé cher leurs semences. Certains ont dû même renoncer à la plantation à cause non seulement de la cherté de la semence mais aussi de son indisponibilité sur le marché national. Il faut savoir, à ce propos, que la quasi-totalité des besoins nationaux en matière de semences de pomme de terre est importée. Ces besoins sont estimés à 120 000 tonnes par an alors que la production nationale ne dépasse pas les 30 000 tonnes. L'Algérie est donc obligée d'importer annuellement près de 95 000 tonnes de semences auprès de ses principaux fournisseurs qui sont la Hollande, le Danemark, la Belgique, la France et le Canada. La cherté de la semence sur le marché européen a fait fuir les agriculteurs algériens. Beaucoup d'entre eux ont renoncé à la plantation du tubercule et choisi d'autres créneaux de production. Tout cela induit forcément une réduction sensible dans la production comparativement aux saisons précédentes, notamment celle de 2005 où la filière a enregistré une surproduction de 500 000 tonnes. En d'autres termes, il faut à tout prix développer la culture de la semence. En réalité, cette question des semences pèse de manière fondamentale sur les prix de la pomme de terre. Certains pensent, en effet, que les mesures prises par le ministère de l'Agriculture ont braqué les fournisseurs soucieux de préserver un monopole juteux. Apparemment, il s'agit d'étouffer dans l'œuf toute velléité d'une politique encourageant la production de la semence de base en Algérie. L'enjeu porte sur une somme rondelette de plus de 70 millions de dollars. C'est l'argent que l'Algérie consacre à l'importation des semences dont la qualité laisse pourtant à désirer. Quoi qu'il en soit, les consommateurs, notamment les petites bourses, sont les premiers pénalisés. Avec des prix affichés à 70 DA le kilo de pomme de terre, les familles modestes ont appris à bouder les frites et les purées en attendant des jours meilleurs.