Dans la perspective d'absorber les surliquidités, la Banque d'Algérie (BA) vient de décider désormais d'augmenter, à compter du 15 mai en cours, le taux des réserves obligatoires des banques de la place. En raison d'une hausse brutale et subite de l'indice des prix à la consommation en janvier 2012, l'inflation en Algérie a connu un pic historique de 8,9% l'année précédente contre 4,5% seulement en 2011. Il est utile de rappeler qu'au début de l'année, la banque centrale avait rendu publique une instruction relative aux "reprises de liquidité", une procédure qui invite les banques à placer, auprès de la BA, des liquidités sous forme de dépôts rémunérés avec une durée maximale de reprise à six mois, au lieu de trois mois auparavant et un taux d'intérêt plus incitatif. Par la suite, une nouvelle instruction du gouverneur de la BA, M. Mohamed Laksaci, datant du 23 avril dernier, modifiant et complétant l'instruction du 13 mai 2004 relative au régime des réserves obligatoires, porte le taux de ces réserves à 12% de l'assiette globale des réserves bancaires, précise-t-on. Ce taux a été déjà relevé à 11% en 2012 contre 6,5% depuis 2004. L'instruction, qui abroge et remplace l'instruction du 29 avril 2012, prend effet à compter du 15 mai en cours. Ainsi les crédits à l'économie ont augmenté de 15,3% en 2012 contre 14% en 2011, une croissance qui atteindrait même 17% en y intégrant les rachats effectués par le Trésor, selon le dernier rapport de la BA. Les crédits aux entreprises privées ont ainsi grimpé à 1.949,2 mds de DA à fin 2012 contre 1.683 mds de DA à fin 2011. Quant à la part des crédits à moyen et long termes, destinés donc à l'investissement, elle a augmenté à 68,6% en 2012 contre 63,4% en 2011. Et c'est d'ailleurs la même chose pour le ratio des réserves obligatoires qui vise essentiellement l'absorption des surliquidités bancaires, a expliqué l'expert bancaire Abderrahmane Benkhalfa. "Les réserves obligatoires tout comme les reprises de liquidité font partie des instruments de la politique monétaire visant l'absorption des excès de liquidité et, par conséquent, la maîtrise de l'inflation", a dit l'expert. Est-il aussi important de rappeler qu'en 2010, comme au cours des années précédentes, l'excès de l'offre de fonds prêtables sur le marché monétaire est resté important. La Banque d'Algérie continuait à absorber l'excès de liquidités par le biais de reprises de liquidités (1 100 milliards de dinars tout au long de l'année 2009) et les banques continuaient à placer, à la Banque centrale, le complément de liquidités dépassant le niveau des réserves obligatoires réglementaires. La Banque d'Algérie exerçait alors sa politique de résorption de l'excès de liquidités des banques par la technique de reprises de liquidités (à 7 jours et à 3 mois). Aujourd'hui et au moment où les banques centrales européennes gèrent l'insuffisance de liquidité de leurs banques, la Banque d'Algérie est en train de gérer l'excès de liquidités. "C'est bien et ce n'est pas bien", ironise M. Benkhalfa. "C'est bien dans le sens où les banques disposent d'importantes potentialités de financement, grâce à une épargne publique et privée en hausse. Ce n'est pas bien parce que ça veut dire que la capacité de la sphère réelle à absorber cet argent reste faible", a commenté ce consultant indépendant. Cela "appelle à réfléchir sur les moyens de faire augmenter la capacité des entreprises à absorber l'offre disponible par une forte demande", a-t-il ajouté. Mais selon M.Laksaci, les crédits bancaires accordés à l'économie ont connu un "réel dynamisme" en 2012 ce qui témoigne que "l'épargne profite de plus en plus à l'investissement".