Ministres des Finances et banquiers centraux des pays du G7, réunis, avant-hier et la veille, près de Londres, ont convenu de poursuivre leurs efforts pour réformer le système bancaire et ont donné leur feu vert aux mesures destinées à relancer l'économie japonaise. Le ministre britannique des Finances, George Osborne, a précisé que la réunion des "grands argentiers" du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon) à Aylesbury, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Londres, avait été en grande partie consacrée aux réformes bancaires actuellement en cours. "Il est important d'achever rapidement notre travail afin d'empêcher de nouvelles faillites de banques", a-t-il dit aux journalistes à l'issue de la rencontre qui n'a donné lieu à aucun communiqué officiel. "Nous devons mettre en place des mesures destinées à gérer ce genre de situations et à protéger les contribuables." L'Allemagne est pressée par ses partenaires d'apporter un soutien plus net au projet d'union bancaire dans la zone euro. La première étape - une supervision unique sous l'égide de la BCE - devrait être accomplie à la mi-2014. La deuxième (un mécanisme de liquidation des banques faillites) est déjà plus floue. Quant à la troisième - un mécanisme unique de garantie des dépôts - son avenir est encore moins assuré. Lors de la réunion, les représentants des sept pays ont réaffirmé que les politiques budgétaires et monétaires devaient répondre aux diverses situations dans chaque pays et non servir à des manipulations spéculatives. Le ministre japonais des Finances a assuré que la politique menée par son gouvernement n'avait suscité aucune critique. Le yen a atteint, vendredi, son plus bas niveau depuis quatre ans et demi face au dollar, une baisse qui alimente les spéculations sur les risques de "guerre des monnaies". Le yen est également à un plus bas de trois ans face à l'euro. Les discussions ont également porté sur les appels lancés en Europe à un assouplissement des politiques d'austérité afin de favoriser la reprise de la croissance, une idée combattue par l'Allemagne et la Grande-Bretagne mais qui fait son chemin en France et en Italie notamment. Pour George Osborne, les positions sont plus proches qu'on ne le croit habituellement. "Pour tout le monde il est clair qu'une consolidation budgétaire à moyen terme est nécessaire. Nous sommes aussi d'accord sur la nécessité d'une certaine flexibilité", a-t-il dit. Le président de la Fed, la banque centrale américaine, Ben Bernanke, n'était pas présent à cette réunion. Evasion fiscale: “nous sommes en train de faire des pas de géant” La communauté internationale est en train de faire des pas de géant dans la lutte contre l'évasion fiscale, a affirmé, avant-hier, le ministre français des Finances Pierre Moscovici, à l'issue d'une réunion du G7 en Grande-Bretagne. C'est un sujet sur lequel nous sommes en train, depuis quelques semaines, en vérité quelques mois, de faire des pas de géant, je n'exagère pas en disant ça, il y a quelque chose qui est en train de s'ouvrir, un nouveau champ, a-t-il déclaré devant la presse. Un véritable consensus émerge pour prendre des mesures efficaces pour que chacun paie sa juste part de l'impôt, c'est un impératif de morale qui permet en outre plus d'efficacité pour nos budgets”, a-t-il souligné. Mi-avril, les pays du G20 avaient exhorté la communauté internationale à s'attaquer aux racines du secret bancaire en faisant de l'échange automatique d'informations la règle générale. M. Moscovici a indiqué qu'il allait insister, avec son homologue allemand Wolfgang Schaüble, pour que l'UE avance très vite et que la Commission européenne fasse des propositions très vite en ce sens. Un président de la République précédent avait dit " les paradis fiscaux, c'est fini ", a ironisé le ministre socialiste, en référence à Nicolas Sarkozy. “On ne va pas décréter la fin des paradis fiscaux, mais on a lancé un mouvement pour faire reculer de façon décisive l'évasion fiscale et déboucher sur l'obsolescence des paradis fiscaux, a-t-il affirmé. Interrogé sur la vaste enquête lancée par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Australie après la réception de milliers de fichiers informatiques sur des comptes secrets dans des paradis fiscaux, M. Moscovici a souligné la volonté de la France de coopérer si des Français étaient concernés. “Ce que je sais, c'est que des contacts ont déjà été pris entre administrations fiscales, a-t-il dit. La présence de contribuables français dans ces fichiers pourrait arriver. Ces administrations se sont déclarées disponibles pour coopérer avec nous dans l'hypothèse où des contribuables français seraient concernés, ce qui n'est pas du domaine de l'absurde”, a ajouté le ministre. Encourager la reprise malgré de nombreux défis En outre, les ministres ont exprimé leur volonté d'encourager la reprise économique alors que de nombreux défis subsistent, selon le ministre britannique George Osborne. “Il y a encore de nombreux défis pour garantir une reprise mondiale durable. Nous ne pouvons la considérer comme acquise mais nous nous engageons, en tant qu'économies développées, à jouer notre rôle en encourageant cette reprise”, a dit le Chancelier de l'Echiquier devant la presse, à l'issue d'une rencontre de deux jours. Alors que les Etats-Unis jugent que l'ampleur des plans d'austérité en Europe plombe la croissance, M. Osborne, lui-même artisan d'une cure de rigueur drastique, a toutefois affirmé que cette réunion avait confirmé qu'il y a plus de points d'accord entre nous sur les politiques budgétaires que ce qui était communément admis. Il a en outre souligné que les pays du G7, qui réunit l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et le Japon, étaient absolument déterminés à faire des progrès sur la question de la lutte contre l'évasion fiscale, érigée en priorité par la présidence britannique du G8. Enfin, le ministre britannique a indiqué que les pays du G7 s'étaient de nouveau engagés à ce que leur politique monétaire poursuive des objectifs domestiques en utilisant des instruments domestiques et à ne pas fixer des taux de change cibles.