Le groupe nucléaire français Areva, deuxième producteur mondial d'uranium, extrait plus du tiers de son minerai au Niger où il compte ouvrir d'ici deux ans la mine géante d'Imouraren, sa troisième dans le pays sahélien. Areva, présent depuis plus de 40 ans au Niger, exploite deux grandes mines à côté d'Arlit, dans le nord du Niger, via deux sociétés, la Somaïr et la Cominak, qui représentent 37% de sa production d'uranium totale. La Somaïr (détenue à 64% par Areva et 36% par l'Etat du Niger) a eu une production de 3.065 tonnes en 2012 au groupe, et la Cominak (34% Areva, 31% Niger, 25% au japonais Ourd et 10% à l'espagnol Enusa) 512 tonnes d'uranium. La production totale du groupe au Niger, de près de 3.600 tonnes, se situe ainsi derrière celle du Kazakhstan (3.661 tonnes), et devant le Canada. Le vaste gisement d'Imouraren, aménagé par Areva depuis 2009, à 80 kilomètres au sud d'Arlit devrait encore augmenter le poids du Niger dans la production du géant du nucléaire. Son inauguration, initialement prévue pour 2012, a cependant été reportée à plusieurs reprises, notamment à la suite des troubles dans la région. En septembre 2010, Areva avait évacué une très grande partie de son personnel expatrié au Niger après l'enlèvement par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de sept salariés du groupe et de son sous-traitant Sogea-Satom, une filiale du groupe de BTP Vinci, travaillant dans la mine d'uranium d'Arlit. Trois otages, une Française, un Togolais et un Malgache, ont été libérés en février 2011, mais quatre employés (un d'Areva et trois de Vinci) sont encore détenus. Le groupe a été touché jeudi par une nouvelle attaque. Un double attentat à la voiture piégée a visé un camp militaire à Agadez dans le nord du Niger et le site de la Somaïr à Arlit, tuant au moins un kamikaze et faisant treize blessés. La forte présence du groupe français au Niger a aussi donné lieu à des tensions avec les autorités locales. Le gouvernement nigérien a jugé à plusieurs reprises que le partenariat avec Areva dans l'exploitation de l'uranium était très déséquilibré et réclamé plus de retombées pour la population. Par la suite, Areva a confirmé le mois dernier avoir accepté de verser 35 millions d'euros sur 3 ans au pays, en partie pour compenser le retard d'une année, à mi-2015, du démarrage de la mine géante d'Imouraren, censée produire près de 5 000 tonnes d'uranium par an. Cette mine, destinée à devenir la deuxième plus grande mine d'uranium à ciel ouvert au monde, doit produire 5 000 tonnes d'uranium par an à plein régime et représente un investissement de plus de 1,2 milliard d'euros. Areva détient 56% du projet, le Niger 34% et le sud-coréen Kepco 10%. Le pays sahélien est le quatrième producteur mondial d'uranium, derrière le Kazakhstan, le Canada et l'Australie. Au total, Areva emploie 2 700 personnes dans le pays et estime à 5 000 les effectifs de sous-traitants. Devenu premier producteur mondial d'uranium en 2009 et 2010, Areva a rétrogradé à la deuxième place en 2011 et s'est maintenu à ce rang l'an dernier avec 9 760 tonnes d'uranium produites, derrière le kazakh Kazatomprom L'activité mines d'Areva a représenté 14,6% d'un chiffre d'affaires total de 9,3 milliards d'euros l'an dernier, qui repose aussi sur ses activités réacteurs et retraitement des déchets. Areva a réduit ses effectifs l'an dernier à 46 500 dont 63% en France.