Six insurgés présumés ont été tués, hier, par les tirs d'un drone américain dans un fief taliban du nord-ouest du Pakistan, premier tir de ces avions depuis les législatives pakistanaises et la revue de la stratégie antiterroriste américaine par Barack Obama. Deux autres personnes ont été blessées lors de cette attaque qui s'est produite dans le village de Chashma, près de Miranshah, principale ville du Waziristan du Nord, une zone tribale semi-autonome du nord-ouest pakistanais qui sert de sanctuaire aux insurgés talibans et à d'autres groupes liés à Al-Qaïda. Au moins six insurgés ont été tués, a dit une source sécuritaire pakistanaise, révisant à la hausse un premier bilan faisant état de quatre morts. Une seconde source sécuritaire a confirmé ce nouveau bilan. Un habitant de Miranshah a indiqué avoir vu des rebelles se diriger en voiture, avec six cercueils, vers le village Chashma, après les bombardements américains. D'après les deux sources sécuritaires, un commandant du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), un groupe islamiste armé en lutte ouverte contre le pouvoir à Islamabad et qui multiplient depuis six ans les attentats, a été tué dans cette attaque. Il s'agit du premier tir de drone depuis les élections législatives du 11 mai au Pakistan, remportées par la Ligue musulmane (PML-N) de Nawaz Sharif, prochain Premier ministre. Nawaz Sharif, qui prendra officiellement ses fonctions début juin, a récemment déclaré vouloir renforcer les difficiles relations du Pakistan avec les Etats-Unis, tout en prévenant ces derniers qu'ils devront prendre en compte les inquiétudes pakistanaises sur les tirs de drones. Ces tirs sont aussi les premiers depuis le discours clé la semaine dernière du président américain Barack Obama qui avait annoncé de nouvelles directives pour encadrer l'usage des drones bombardant principalement les refuges des djihadistes au Yémen et dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais. Islamabad avait réagi en indiquant apprécier certains éléments du discours de Barack Obama, mais il continue de juger contre-productifs et contraires au droit international ces tirs sur son territoire. Le Pakistan les considère comme une atteinte à sa souveraineté nationale malgré le feu vert, formel ou implicite, donné par le passé par Islamabad à certains de ces bombardements dans les zones tribales. Selon l'institut britannique Bureau of Investigative Journalism, les tirs de drone ont tué jusqu'à 3.587 personnes, dont plus de 800 civils, depuis 2004 au Pakistan. Le dernier tir de drones en sol pakistanais remonte au 17 avril dernier. Le nombre de ces attaques a fléchi au cours des derniers mois dans les zones tribales à la lisière de l'Afghanistan. S'il y eu très peu d'attaques de drone au cours de l'année en cours, c'est parce que les efforts pour éliminer Al-Qaïda du Pakistan ont été couronnés de succès, a soutenu cette semaine le secrétaire d'Etat américain John Kerry.