Le président palestinien Mahmoud Abbas a chargé, avant-hier, le président de l'Université de Naplouse, Rami Hamdallah, peu connu, de former le nouveau gouvernement, dont la composition devrait rester largement inchangée, tournant la page des années Salam Fayyad. Le président Abbas m'a chargé de former un nouveau gouvernement et j'ai accepté, a déclaré M. Hamdallah, 54 ans, président depuis 1998 de l'Université Al-Najah à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, après avoir été reçu en début de soirée par M. Abbas au siège de la présidence de l'Autorité palestinienne à Ramallah en Cisjordanie. Cette désignation intervient au dernier jour du délai légal de cinq semaines après la démission le 13 avril du Premier ministre Salam Fayyad, en poste depuis juin 2007, qui expédiait les affaires courantes. M. Fayyad, un économiste indépendant très apprécié par la communauté internationale, a démissionné à la suite d'un désaccord avec le président sur la démission en mars du ministre des Finances Nabil Qassis. Mais le conflit entre M. Abbas et M. Fayyad remontait à septembre, quand la contestation provoquée par la politique budgétaire du Premier ministre a commencé à monter, pour s'aggraver avec des manifestations réclamant son départ, soutenues par des dirigeants du Fatah, le mouvement de M. Abbas, selon des sources politiques. Le gouvernement sera formé dans les prochains jours. La plupart des ministres du gouvernement sortant resteront et je ferai venir un nouveau ministre des Finances, a annoncé M. Hamdallah, également secrétaire général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse. Rami Hamdallah, membre du Fatah et du directoire de la Fondation Yasser Arafat, dédiée à la mémoire du défunt président palestinien, est docteur en linguistique appliquée de l'Université britannique de Lancaster. Il est né à Anabta, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. Le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza, avaient salué la démission de M. Fayyad comme une occasion d'appliquer leurs accords de réconciliation du Caire (avril/mai 2011) et de Doha (février 2012), mais ces espoirs ont fait long feu. Un modéré pour les médias israéliens L'universitaire Rami Hamdallah, chargé de former le nouveau gouvernement de l'Autorité palestinienne, a affirmé, hier, vouloir bientôt céder la place à un gouvernement d'union nationale non partisan, comme le prévoient les accords de réconciliation avec le Hamas. Par ailleurs, les médias israéliens accueillaient favorablement cette nomination de M. Hamdallah, considéré en Israël comme modéré et pragmatique. Le nouveau gouvernement sera une continuation du précédent, a déclaré lundi Rami Hamdallah, chargé dimanche par le président palestinien Mahmoud Abbas de succéder au Premier ministre démissionnaire Salam Fayyad, réaffirmant que la plupart des ministres resteraient en place. Selon la déclaration du bureau du président, ce gouvernement fait partie des efforts de réconciliation. J'espère que le 14 août, le président Abbas formera un nouveau gouvernement, en vertu de l'accord entre le Hamas et le Fatah, a-t-il indiqué à la radio officielle Voix de la Palestine. Le quotidien Haaretz cite des responsables israéliens qualifiant le nouveau Premier ministre de pragmatique qui entretient de nombreux contacts professionnels avec des Israéliens. Un des éditorialistes du journal estime que M. Hamdallah a accepté une mission suicide. Il va devoir persuader les Etats-Unis et les autres pays donateurs qu'il est un partenaire sérieux, honnête, exempt de corruption, au moins autant que l'était Fayyad, écrit-il. Il ne bénéficie pas du statut international de son prédécesseur, et il est relativement inconnu à Washington et dans les capitales européennes. Si l'Occident sent qu'il n'y a pas un adulte responsable pour protéger les caisses palestiniennes, l'aide internationale qui maintient en vie l'Autorité palestinienne risque de se tarir rapidement, estime-t-il. Les Etats-Unis, par l'intermédiaire du secrétaire d'Etat John Kerry, ont salué la nomination de M. Hamdallah. Ensemble, nous pouvons choisir la voie d'un accord négocié pour deux Etats qui permettra aux Palestiniens de combler leurs légitimes aspirations pour un Etat palestinien souverain et indépendant, a affirmé M. Kerry, selon un communiqué.