Salam Fayyad, à la tête du gouvernement palestinien, subit de plein front la profonde crise économique à laquelle fait face l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a accepté la démission du Premier ministre Salam Fayyad, très critiqué par la direction du mouvement nationaliste Fatah, a annoncé samedi soir l'agence de presse palestinienne Wafa. Le président Abbas a accepté la démission de M.Fayyad, un homme politique indépendant, et l'a chargé de rester à la tête du gouvernement sortant en attendant la formation du nouveau cabinet, a précisé un conseiller de M. Abbas sous couvert de l'anonymat. Dans la bande de Ghaza, le mouvement islamiste Hamas, qui a arraché le contrôle de ce territoire des mains du Fatah en 2007 - l'année de l'arrivée de M.Fayyad à la tête du gouvernement de l'Autorité palestinienne rivale - a attribué cette démission à des «divergences internes au Fatah». «Fayyad quitte le gouvernement après avoir criblé notre peuple de dettes, et le Fatah doit en assumer la responsabilité parce que c'est lui qui l'a imposé (Fayyad) depuis le début», a déclaré Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas à Ghaza. «Cet événement (démission) n'est pas lié au dossier de la réconciliation palestinienne», a ajouté le porte-parole, réaffirmant que le Hamas était prêt à appliquer l'accord de réconciliation avec le Fatah. Le Fatah et le Hamas ont signé le 27 avril 2011 au Caire un accord de réconciliation, dont la plupart des clauses sont restées lettre morte et les échéances constamment repoussées. Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, qu'un sérieux désaccord opposait au président Mahmoud Abbas, a présenté samedi soir officiellement sa démission, a-t-on indiqué lors de cette soirée à Ramallah. «Fayyad a rencontré Abbas pendant une demi-heure à la Mouqata'a (le siège de la présidence palestinienne à Ramallah) et lui a officiellement remis sa lettre de démission», avait déclaré un haut responsable, sous couvert de l'anonymat. M.Fayyad, âgé de 61 ans, avait auparavant fait part de son intention de jeter l'éponge, usé par cinq années passées à tenter de donner naissance à un Etat de Palestine souverain et viable. «Fayyad a assuré qu'il ne resterait pas à la tête du gouvernement, même si on (le) lui demandait», avait affirmé ce dernier week-end un haut responsable palestinien. Le différend entre MM. Abbas et Fayyad porte sur la démission le 2 mars du ministre des Finances Nabil Qassis, acceptée par le Premier ministre mais refusée par le président. La semaine dernière, le Conseil révolutionnaire du Fatah avait fustigé «la politique du gouvernement palestinien (de M.Fayyad) empreinte d'improvisation et de confusion sur de nombreux sujets financiers et économiques». Avant la nomination de M.Qassis en mai 2012, le portefeuille des Finances était détenu par M.Fayyad, un indépendant, parallèlement à ses fonctions de chef du gouvernement. Vendredi soir, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait contacté directement par téléphone M.Abbas pour l'enjoindre de régler la crise avec son Premier ministre, selon des sources officielles palestiniennes. Washington avait indiqué jeudi que M.Fayyad, qui a la faveur des Etats-Unis, ne démissionnerait pas, une déclaration qui avait été dénoncée comme une «ingérence» par des dirigeants du Fatah. Une démission de M.Fayyad, crédité par la communauté internationale de l'édification d'institutions capables de porter un Etat, risquerait de compromettre l'entente avec les responsables israéliens et palestiniens annoncée cette semaine par John Kerry pour «promouvoir le développement économique en Cisjordanie» occupée. M.Kerry a écarté mardi une reprise rapide des négociations de paix, au terme d'une visite de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens, insistant sur la nécessité d'un travail de fond pour qu'elles aient une chance d'aboutir.