Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble s'est dit, avant-hier, "sûr" que la Banque centrale européenne (BCE) n'outrepassait pas le cadre de son mandat avec son programme exceptionnel de rachat de dettes d'Etats en difficulté. "Je suis sûr que la BCE agit dans le cadre de son mandat", a déclaré le ministre, en arrivant mardi à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe (sud-ouest). Wolfang Schäuble, tout comme le gouverneur de la Banque centrale allemande (Bundesbank), Jens Weidmann, et le membre du directoire de la BCE, Jörg Asmussen, ont été auditionné, avant-hier, par les juges suprêmes de la Cour de Karlsruhe. "Nous allons aujourd'hui expliquer que le MES (Mécanisme européen de stabilité) est important et que la BCE fait ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité des prix", a déclaré lundi la chancelière allemande Angela Merkel, lors d'un discours devant un parterre d'industriels à Berlin. "Les actions précédentes, du premier programme grec au MES, ont toutes été discutées devant la Cour constitutionnelle, mais ont toujours été approuvées toutefois avec des conditions", a ajouté Mme Merkel. Presque neuf mois après une première décision autorisant le MES, la Cour, saisie par des eurosceptiques, se penche cette fois en détail sur les mécanismes de sauvetage de la zone euro et en particulier sur le nouveau programme de rachat de dettes publiques annoncé par la BCE en septembre. L'annonce de ce programme, couplée à des propos très volontaristes du président de la BCE Mario Draghi, a joué un rôle crucial en 2012 pour apaiser les craintes des marchés financiers sur la survie de la zone euro, même s'il n'a jamais eu besoin d'être mis en pratique. La simple annonce de ce programme baptisé OMT, accompagné de déclarations du président de la BCE Mario Draghi se disant prêt à tout faire pour sauver la zone euro, a beaucoup fait pour calmer les inquiétudes des marchés financiers, alors même qu'il n'a encore jamais été utilisé. Le verdict de la Cour de Karlsruhe n'est pas attendu avant plusieurs mois, mais ses commentaires à l'issue des auditions seront suivis de près par les marchés. Asmussen: "les effets positifs du programme OMT sont évidents" Le programme de rachat par la Banque centrale européenne (BCE) d'obligations souveraines a des "effets positifs évidents" sur la zone euro, même sans avoir été utilisé, a affirmé Jörg Asmussen, devant la Cour constitutionnelle allemande. "Presque un an après l'annonce du programme OMT (en septembre 2012, ndlr), les effets positifs sont évidents", a déclaré M. Asmussen, assurant que les mesures décidées par la BCE étaient "nécessaires, efficaces et qu'elles rentrent dans le mandat" de l'institution. Le responsable de la BCE a été entendu par les juges suprêmes de la Cour de Karlsruhe (sud-ouest), qui examinent au cours de deux jours d'audition les mécanismes de sauvetage de la zone euro et leur conformité à la Loi fondamentale allemande. Le programme OMT est particulièrement sous les feux de la rampe et critiqué par la Banque centrale allemande (Bundesbank), dont le gouverneur, Jens Weidmann, est aussi attendu devant la Cour. "L'annonce du programme OMT était et est nécessaire, et une étape appropriée pour éliminer les perturbations dans la transmission de la politique monétaire causées par la crainte d'une rupture involontaire de l'euro", a assuré Jörg Asmussen, dans un discours dont le texte a été mis à disposition par la BCE. "Ne pas agir aurait été un risque encore plus grand", a-t-il ajouté, tout en assurant que la BCE avait conscience des limites de son mandat, qui lui interdit de financer directement des Etats, et ne cherchait pas à prendre la place des gouvernements. Alors que le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung évoquait la décision de la BCE de limiter l'ampleur de ce programme pour devancer d'éventuelles critiques des juges allemands (ce que la BCE avait démenti dès le week-end), Jörg Asmussen a rappelé que ce programme avait été échafaudé "sans limite". "Nous n'avons aucun doute que ce signal fort était nécessaire pour convaincre les marchés de notre sérieux et de notre détermination à agir pour la stabilité des prix. En même temps, il est clair pour chacun que le programme est effectivement limité", puisqu'il ne concerne que les obligations de court terme (un à trois ans), a expliqué M. Asmussen.