Le plan Draghi pour sauver la zone euro est vécu outre-Rhin comme la fin du règne de la Bundesbank.Angela Merkel a beau soutenir du bout des lèvres le plan anticrise du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, l'Allemagne peine à digérer la potion amère. La quasi-totalité des médias allemands jugent que le programme de rachat de dettes des pays en difficulté est une défaite de la Bundesbank signant la fin de l'orthodoxie monétaire allemande dans la zone euro. Cela ne manquera pas d'alimenter le sentiment grandissant d'eurotiédeur outre-Rhin.« Les Allemands ne croient pas tous en Dieu, mais tous croient en la Bundesbank! », plaisantait Jacques Delors. Or le plan Draghi est largement présenté comme un cinglant revers pour la banque centrale allemande. Evoquant un « jeudi noir », le quotidien de centre droit Die Welt va jusqu'à déplorer que « les marchés financiers célèbrent la mort de la Bundesbank ». Tandis que le quotidien populaire Bild dénonce le «chèque en blanc pour les Etats surendettés ». 50 % des Allemands sont hostiles aux rachats d'obligation par la BCE et seulement 13 % y sont favorables, selon un sondage de l'institut Infratest dimap, publié vendredi. Une presse très nerveuse Fait aggravant, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, représentant de la Buba à la BCE, a bruyamment exprimé son opposition. Dans un communiqué, la Buba dénonce un financement des dettes d'Etat avec la planche à billets européenne et les risques d'inflation galopante. Mais aussi les risques portés par les contribuables de la zone euro, et notamment allemands, sans l'aval des parlements ou gouvernements nationaux. Weidmann, dont la popularité a explosé outre-Rhin après qu'il a menacé de démissionner pour ne pas cautionner les rachats illimités de dettes souveraines, juge aussi que les incitations aux pays en difficulté à mener des réformes structurelles se sont envolées avec l'arrivée programmée de taux plus favorables.La chancelière allemande a pourtant soutenu implicitement le programme de la BCE. Son porte-parole a souligné vendredi que la BCE « intervenait de manière indépendante et dans le cadre de son mandat », comme l'avait déjà dit Angela Merkel la veille à Madrid. Depuis Stockholm, son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a assuré que ce n'était « pas le début d'un financement monétaire de la dette publique » avant de critiquer la presse allemande « très nerveuse » sur ce sujet, selon lui. Selon le quotidien des affaires Handelsblatt,« une interprétation serait que la chancelière n'est pas favorable (à cette mesure), mais qu'elle n'est plus en position de s'opposer à la cohorte des supporteurs du modèle Draghi ». Espoirs reportés sur Karlsruhe Plusieurs experts, cités notamment par le Financial Times Deutschland, soulignent qu'en réalité Berlin a obtenu gain de cause sur un point essentiel: le droit de veto. Le rachat de dettes souveraines étant conditionné à une demande officielle des Etats au Fonds européen de stabilité financière (FESF), le feu vert du Bundestag restera indispensable pour débloquer l'aide. En attendant, les adversaires de la BCE reportent tous leurs espoirs sur la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui rendra mercredi une décision capitale sur le mécanisme de sauvetage de la monnaie unique (MES). Selon un sondage YouGov, 54 % des Allemands espèrent que les juges barreront la route au MES. Le plan Draghi pour sauver la zone euro est vécu outre-Rhin comme la fin du règne de la Bundesbank.Angela Merkel a beau soutenir du bout des lèvres le plan anticrise du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, l'Allemagne peine à digérer la potion amère. La quasi-totalité des médias allemands jugent que le programme de rachat de dettes des pays en difficulté est une défaite de la Bundesbank signant la fin de l'orthodoxie monétaire allemande dans la zone euro. Cela ne manquera pas d'alimenter le sentiment grandissant d'eurotiédeur outre-Rhin.« Les Allemands ne croient pas tous en Dieu, mais tous croient en la Bundesbank! », plaisantait Jacques Delors. Or le plan Draghi est largement présenté comme un cinglant revers pour la banque centrale allemande. Evoquant un « jeudi noir », le quotidien de centre droit Die Welt va jusqu'à déplorer que « les marchés financiers célèbrent la mort de la Bundesbank ». Tandis que le quotidien populaire Bild dénonce le «chèque en blanc pour les Etats surendettés ». 50 % des Allemands sont hostiles aux rachats d'obligation par la BCE et seulement 13 % y sont favorables, selon un sondage de l'institut Infratest dimap, publié vendredi. Une presse très nerveuse Fait aggravant, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, représentant de la Buba à la BCE, a bruyamment exprimé son opposition. Dans un communiqué, la Buba dénonce un financement des dettes d'Etat avec la planche à billets européenne et les risques d'inflation galopante. Mais aussi les risques portés par les contribuables de la zone euro, et notamment allemands, sans l'aval des parlements ou gouvernements nationaux. Weidmann, dont la popularité a explosé outre-Rhin après qu'il a menacé de démissionner pour ne pas cautionner les rachats illimités de dettes souveraines, juge aussi que les incitations aux pays en difficulté à mener des réformes structurelles se sont envolées avec l'arrivée programmée de taux plus favorables.La chancelière allemande a pourtant soutenu implicitement le programme de la BCE. Son porte-parole a souligné vendredi que la BCE « intervenait de manière indépendante et dans le cadre de son mandat », comme l'avait déjà dit Angela Merkel la veille à Madrid. Depuis Stockholm, son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a assuré que ce n'était « pas le début d'un financement monétaire de la dette publique » avant de critiquer la presse allemande « très nerveuse » sur ce sujet, selon lui. Selon le quotidien des affaires Handelsblatt,« une interprétation serait que la chancelière n'est pas favorable (à cette mesure), mais qu'elle n'est plus en position de s'opposer à la cohorte des supporteurs du modèle Draghi ». Espoirs reportés sur Karlsruhe Plusieurs experts, cités notamment par le Financial Times Deutschland, soulignent qu'en réalité Berlin a obtenu gain de cause sur un point essentiel: le droit de veto. Le rachat de dettes souveraines étant conditionné à une demande officielle des Etats au Fonds européen de stabilité financière (FESF), le feu vert du Bundestag restera indispensable pour débloquer l'aide. En attendant, les adversaires de la BCE reportent tous leurs espoirs sur la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui rendra mercredi une décision capitale sur le mécanisme de sauvetage de la monnaie unique (MES). Selon un sondage YouGov, 54 % des Allemands espèrent que les juges barreront la route au MES.