Seif al-Islam Kadhafi, fils du défunt dictateur Mouammar Kadhafi, Abdallah al-Senoussi, ex-chef des renseignements, et d'autres anciens responsables comparaîtront en août devant la justice libyenne pour des crimes commis lors de l'insurrection de 2011, a annoncé, avant-hier, le bureau du procureur général. La première audience du procès est prévue durant la première quinzaine du mois d'août, a déclaré à la presse Al-Seddik al-Sour, membre du bureau du procureur général, précisant que les accusations portaient sur des crimes commis contre le peuple libyen durant la révolution de 2011. Parmi les responsables qui seront jugés dans le cadre de cette affaire, M. al-Sour a cité notamment Seif al-Islam Kadhafi, Abdallah al-Senoussi et Baghdadi al-Mahmoudi, dernier Premier ministre de l'ancien régime, ainsi que Mansour Daw, ancien chef de la Garde populaire. Parmi les charges qui devraient être retenues contre eux figurent notamment la formation de bandes armées en vue de commettre de crimes portant atteinte à la sûreté de l'Etat, incitation au viol, confiscation de la liberté et dilapidation des deniers publics, a-t-il ajouté. A la question de savoir si ces personnalités comparaîtront ensemble devant le même tribunal, M. al-Sour a affirmé: " Cette affaire ne sera pas divisée. Ces responsables se réunissaient ensemble pour concevoir une politique de répression et un même plan criminel, les juger séparément perturberait le procès, a-t-il expliqué. Seif al-Islam et M. al-Senoussi font l'objet de mandats d'arrêt internationaux de la Cour pénale internationale (CPI) qui les soupçonne de crimes contre l'humanité lors de la répression de la révolte ayant mené à la chute du régime Kadhafi en 2011. La CPI a autorisé vendredi la Libye à garder sur son sol M. al-Senoussi dans l'attente d'une décision sur la compétence de la CPI pour juger le suspect. Mais la CPI a rejeté le 31 mai une demande de Tripoli de ne pas poursuivre Seif al-Islam, estimant que l'enquête libyenne ne couvre pas l'affaire présentée devant la cour par le procureur de la CPI, qui enquête en Libye en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. La Libye a indiqué qu'elle ferait appel de cette décision. M. al-Sour a répété, avant-hier, que la Libye avait le droit de juger Seif al-Islam et M. al-Senoussi sur son sol. Seif al-Islam, 40 ans, est détenu par une brigade d'anciens combattants rebelles à Zenten, à 180 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, depuis son arrestation en novembre 2011. Selon M. al-Sour, la CPI considère que Seif al-Islam n'est pas détenu sous la tutelle de l'Etat. Le gouvernement et le Congrès général national doivent assumer leurs responsabilités pour faire venir Seif al-Islam à Tripoli, a-t-il dit. Seif al-Islam a déjà comparu plusieurs fois devant un tribunal libyen à Zenten dans le cadre d'un procès pour atteinte à la sécurité nationale. Ce procès avait été intenté en janvier après qu'une délégation de la CPI eut été accusée d'avoir apporté un stylo-caméra pendant une visite en juin 2012 et tenté de transmettre à Seif al-Islam une lettre codée de son ancien bras droit, Mohammed Ismaïl, l'un des hommes les plus recherchés par la justice libyenne.