Les Etats-Unis considèrent que le bureau de représentation ouvert par les talibans afghans à Doha ne doit pas être traité comme une ambassade, a déclaré, avant-hier, la représentante adjointe américaine à l'ONU, Rosemary DiCarlo, lors d'un débat au Conseil de sécurité. Les présidents américain Barack Obama et afghan Hamid Karzaï avaient tous deux suggéré au Qatar d'aider à l'ouverture du bureau pour faciliter des négociations de paix avec les insurgés islamistes, a-t-elle rappelé. “Mais nous ne reconnaissons pas le nom “d'émirat islamique d'Afghanistan” et nous nous réjouissons que le Qatar ait clarifié que le nom soit celui de bureau politique des talibans afghans+, a-t-elle ajouté. “Le bureau ne doit pas être traité comme, ou se présenter comme, une ambassade ou un autre bureau représentant les talibans afghans en tant qu'émirat, gouvernement ou entité souveraine”, a affirmé la diplomate américaine. Washington considère l'ouverture de ce bureau comme un premier pas important vers un règlement politique en Afghanistan” a-t-elle souligné. Mardi, les talibans et les Américains avaient annoncé une prochaine reprise de leurs contacts en vue de discussions de paix, après l'ouverture à Doha d'un bureau de représentation taliban, un événement historique après plus de 11 ans de guerre. Mais cette annonce avait fortement irrité Hamid Karzaï. Kaboul n'a en particulier guère apprécié le nom du bureau taliban à Doha, l'émirat islamique d'Afghanistan, qui était l'appellation du gouvernement du mouvement islamiste de 1996 jusqu'à son renversement en 2001. L'ambassadeur afghan Zahir Tanin a affirmé que le bureau taliban à Doha devait se cantonner aux négociations de paix et que toute autre activité entreprise par ou avec le bureau est inacceptable. L'émissaire de l'ONU en Afghanistan Jan Kubis a souligné que l'Afghanistan avait été le théâtre récemment d'attaques de plus en plus brutales sur des cibles civiles sans véritable importance militaire. Selon l'ONU, 1 061 civils ont été tués et 2 031 blessés dans des attaques entre le 1er janvier et le 6 juin derniers, soit une augmentation de 24% par rapport à 2012, et les groupes anti-gouvernementaux sont responsables de trois-quarts de ces victimes. Evoquant les controverses autour du bureau taliban à Doha, M. Kubis a dit espérer qu'elles seront bientôt réglées et que la voie sera libre pour des discussions de paix et de réconciliation qui s'accompagneront d'une réduction de la violence et des victimes civiles.