La présidence égyptienne a rejeté implicitement dans la nuit d'hier l'ultimatum lancé plus tôt par l'armée au chef de l'Etat islamiste Mohamed Morsi, lui laissant 48 heures pour satisfaire les demandes du peuple, faute de quoi elle imposerait une feuille de route, après des manifestations de masse. Dans un communiqué, la présidence affirme que la déclaration des forces armées n'a pas été soumise au président avant sa diffusion et contient des signes pouvant causer la confusion, se disant déterminée à poursuivre dans la voie qu'elle a choisie pour mener une réconciliation nationale globale. Dénonçant toute déclaration qui approfondirait la division dans le pays déjà profondément divisé et qui pourrait menacer la paix sociale, le texte estime que M. Morsi poursuit ses consultations avec toutes les forces nationales afin de sécuriser la voie du changement démocratique et la protection de la volonté populaire. L'Etat démocratique égyptien civil est une des plus importantes réalisations de la révolution du 25 janvier 2011 qui a renversé l'ancien président Hosni Moubarak, souligne le texte, affirmant que l'Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances. Les partisans du président Morsi, affirment défendre la légitimité du premier président civil de l'Egypte, arrivé au pouvoir en juin 2012 lors des premières élections démocratiques dans le pays. Le général n'a pas demandé explicitement la démission du président Mohamed Morsi, principale revendication des opposants qui ont manifesté par millions dimanche. Il a en revanche déclaré que l'armée présenterait sa propre "feuille de route" pour sortir le pays de la crise si les politiques n'arrivent pas à s'entendre. Il a ajouté que l'armée, qui a géré la transition entre la chute d'Hosni Moubarak en février 2011 et l'élection de M. Morsi, l'été dernier, ne souhaitait plus s'impliquer en politique ou au gouvernement. La déclaration de M. al-Sissi a été saluée par des acclamations de la part des manifestants anti-Morsi rassemblés devant le palais présidentiel. Elle a également été louée par le Front de salut national (FSN), principale coalition d'opposants, qui réclame depuis des mois la formation d'un gouvernement d'union nationale. En début de soirée, Mohamed Morsi a rencontré le général al-Sissi. Aucune déclaration n'a été faite à l'issue de cette réunion. Plus tôt dans la journée, le mouvement Tamarrod, à l'origine de la contestation contre Mohamed Morsi, a appelé le chef de l'Etat à quitter le pouvoir avant mardi 17h00 (locales). Il a menacé, dans le cas contraire, d'engager un mouvement de "désobéissance civile totale". Le ministre des Affaires étrangères démissionne Le ministre égyptien des Affaires étrangères Mohammed Kamel Amr a remis sa démission, a annoncé, hier, la presse officielle. Le président américain Barack Obama a lui, appelé son homologue égyptien Mohamed Morsi pour lui faire part de son inquiétude sur l'aggravation de la crise politique. M. Amr est le plus important membre du cabinet à quitter le gouvernement, après la démission la veille de quatre ministres, dont celui du Tourisme, au lendemain de manifestations monstres réclamant le départ de Mohamed Morsi. Le président américain a indiqué à M. Morsi que Washington était attaché "au processus démocratique en Egypte et ne soutenait aucun parti ou groupe", a souligné un responsable de la Maison- Blanche. La veille quatre ministres ont démissionné. La justice réintègre le procureur général démis par Morsi La justice égyptienne a ordonné, hier, la réintégration du procureur général limogé par le président Mohamed Morsi, infligeant un revers au chef d'Etat islamiste contesté par des manifestations monstres. La Cour d'appel rend une décision définitive de réintégration d'Abdel Méguid Mahmoud (au poste de) procureur général, a indiqué l'agence officielle Mena. M. Mahmoud avait été nommé du temps du président déchu Hosni Moubarak. Il était accusé par les militants de la révolte de 2011 d'être à l'origine de l'insuffisance des preuves présentées par le Parquet dans les procès des responsables de l'ancien régime. Son limogeage en novembre par décret présidentiel et la nomination de son successeur, Talaat Abdallah, accusé d'être favorable aux Frères musulmans, avait renforcé le bras de fer qui oppose depuis son élection le président Morsi à l'appareil judiciaire égyptien.