La Coalition de l'opposition syrienne est parvenue à surmonter ses divisions pour se choisir un nouveau chef, Ahmad Assi Jarba, qui sera chargé d'incarner l'alternative au président Bachar al-Assad aux yeux de ses soutiens arabes et occidentaux. Au troisième jour de leur réunion à Istanbul, les 114 membres du principal rassemblement des adversaires du régime à Damas ont élu à leur tête M. Jarba, considéré comme un proche de l'Arabie saoudite, qui a obtenu 55 voix contre 52 à Mustafa al-Sabbagh, un homme d'affaires considéré comme proche du Qatar. M. Jarba, soutenu par la faction de l'opposant historique Michel Kilo, succède à Moaz al-Khatib, qui avait démissionné en mars pour dénoncer l'inaction de la communauté internationale dans le conflit syrien qui a fait plus de 100 000 morts depuis mars 2011 selon une ONG. Né en 1969 à Qamishli (nord-est), M. Jarba, un sunnite, était chargé du dossier délicat de l'armement de la rébellion au sein de la coalition et a, à ce titre, fait partie de plusieurs délégations de la coalition ayant visité des pays arabes et européens pour les convaincre d'armer les rebelles. Chef de tribu et opposant notoire au régime syrien, il a été emprisonné à la fin des années 1990, puis a été de nouveau détenu en mars 2011 quelques jours après le déclenchement de la révolte. Libéré en août 2012, M. Jabra s'est installé en Arabie saoudite et a aussitôt rejoint les instances de l'opposition. Lors du scrutin samedi, les membres de la Coalition se sont également dotés de trois vice-présidents : Suheir Atassi, Mohammed Farouk Tayfur et Salim Muslit. Elu au poste de secrétaire général, Badr Jamous complète la nouvelle équipe dirigeante. En raison de la gravité de la situation à Homs, le nouveau président élu ne prononcera pas de discours aujourd'hui. Il sera disponible pour s'exprimer dans les tout prochains jours, selon un porte-parole de l'opposition. Mais dans un bref communiqué publié après son élection, M. Jarba a affirmé que sa priorité est de gérer les développements sur le terrain en Syrie, surtout a Homs (centre), cible d'une nouvelle offensive des forces du régime et du Hezbollah libanais qui cherchent à reprendre les quartiers rebelles. Initialement prévu fin mai, le choix du nouveau président avait été ajourné après des discussions qui avaient étalé au grand jour les divisions de la Coalition et la guerre d'influence que s'y livrent ses principaux parrains, le Qatar et l'Arabie saoudite. Sous la pression de leurs soutiens, les opposants étaient finalement parvenus à un accord sur l'élargissement de leur mouvement, jusqu'alors largement dominé par les Frères musulmans soutenus par le Qatar, à des personnalités réputées plus proches des Saoudiens. Le choix d'une nouvelle équipe dirigeante représentant toutes les tendances de l'opposition devrait rassurer les pays amis de la Syrie, notamment les Occidentaux qui hésitent toujours à livrer des armes aux rebelles de crainte qu'elles ne tombent aux mains des plus extrémistes. D'ailleurs la France a félicité M. Jarba, estimant que son élection renforçait la coalition en tant que représentant légitime du peuple syrien, au moment où s'accroît la répression du régime, notamment à Homs. Les rebelles ont cédé du terrain ces dernières semaines à l'armée fidèle au régime, épaulé de façon décisive par les combattants du Hezbollah. Après avoir repris Qousseir, près de la frontière libanaise, l'armée, toujours aidée du Hezbollah, a lancé il y a huit jours un nouvel assaut pour les quartiers rebelles de Homs, bombardés par l'aviation et l'artillerie lourde. Hier, “nous avons eu confirmation d'informations faisant état de recours à des armes chimiques contre des civils innocents, a accusé samedi à Istanbul le porte-parole de la Coalition”. Soldats et rebelles sont déterminés à combattre jusqu'au bout alors qu'aucune solution n'est en vue pour ce conflit déclenché par une contestation populaire qui s'est transformée en conflit armé, face à la répression menée par le régime.