La Banque mondiale a élaboré un plan pour améliorer la gestion du foncier agricole en Afrique, un continent qui recense près de la moitié des terres utilisables non cultivées du monde mais où le taux de pauvreté est le plus élevé avec 48% de la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour. Les pays africains pourraient mettre fin aux ''accaparements des terres'', accroître leur production agricole et améliorer leurs perspectives de développement s'ils parviennent à moderniser les procédures complexes qui régissent le droit foncier et la gestion des terres en Afrique, a indiqué la BM dans un rapport publié lundi consacré au foncier agricole dans le continent. L'Afrique n'est pas parvenue à développer les 202 millions d'hectares de terres disponibles pour mieux lutter contre la pauvreté, générer de la croissance, créer des emplois et promouvoir une prospérité partagée, a relevé cette institution financière internationale. Un plan en dix étapes ''Malgré ses abondantes richesses en terre et en ressources minières, l'Afrique reste pauvre'', a regretté le président de la BM pour la région Afrique, Makhtar Diop. A ce propos, il a soutenu que l'amélioration de la gouvernance foncière est un impératif pour accélérer la croissance économique et faire en sorte qu'elle s'accompagne d'une réduction sensible de la pauvreté et créer plus d'opportunités pour les Africains. Le rapport souligne que plus de 90% des terres rurales agricoles en Afrique ne sont pas enregistrées, ce qui a pour conséquence de faciliter des phénomènes tels que l'accaparement des terres et l'expropriation sans dédommagement substantiel. L'institution de Bretton Woods propose, alors, un plan d'action en dix (10) étapes qui pourrait, selon elle, contribuer à ''révolutionner'' la production agricole, mettre un terme à l'accaparement des terres et éradiquer l'extrême pauvreté en Afrique. Parmi les mesures préconisées par la BM figurent essentiellement la lutte contre la ''corruption endémique'' en matière de gestion des terres qui, dans bon nombre de pays d'Afrique, ''entrave les intérêts des pauvres en maintenant le statu quo'', tout en proposant l'amélioration de l'enregistrement des terres communales et individuelles sachant que seulement 10% des terres rurales sont enregistrées en Afrique. Elle appelle aussi à mobiliser la volonté politique des gouvernements africains afin de réformer le système foncier et encourager les partenaires au développement à soutenir ses réformes financièrement et politiquement.
La gouvernance foncière au cœur du défi de développement de l'Afrique La BM évalue à 4,5 milliards de dollars le montant que devront débourser, sur 10 ans, les pays africains et leurs partenaires au développement ainsi que le secteur privé, pour intensifier les réformes foncières et les investissements en la matière. ''Améliorer la performance et la productivité du secteur agricole en Afrique est indispensable si l'on veut une croissance généralisée, créer des emplois, attirer les investissements et une réduction significative de la pauvreté'', souligne Djamal Seghir, directeur du développement durable pour la région Afrique de la BM. Par ailleurs, cette organisation mondiale soutient que la flambée des cours mondiaux des denrées de base et l'augmentation des investissements directs étrangers font qu'il est d'autant plus rentable d'investir dans la gouvernance foncière qui se traduit par de meilleurs rendements agricoles, un meilleur accès aux marchés et des prix plus avantageux. Pour Frank Byamugisha, auteur du rapport et spécialiste des questions foncières pour la région Afrique auprès de la BM, ''les questions de gouvernance foncière sont au premier plan et au cœur du défi de développement de l'Afrique''.