Un dirigeant de l'opposition tunisienne a été tué par balles, avant-hier, à Tunis. Elu à l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mohamed Brahmi, âgé de 58 ans, était fondateur et ancien secrétaire général du Mouvement du peuple (Echaâb). Selon des témoins, il a été abattu par deux hommes à moto devant chez lui alors qu'il descendait de voiture. Mohamed Brahmi n'avait pas ménagé ses critiques envers le parti islamiste Ennahda au pouvoir. Des bureaux du parti islamiste Ennahda ont été incendiés dans l'après-midi à Sidi Bouzid (centre) par des manifestants qui protestaient contre l'assassinat de Mohamed Brahmi. La famille de Mohamed Brahmi a accusé le parti islamiste au pouvoir Ennahda d'être responsable du meurtre alors que le chef de ce mouvement a dénoncé ceux qui veulent mener le pays vers une guerre civile. J'accuse Ennahda, ce sont eux qui l'ont tué, a déclaré en pleurs Chhiba Brahmi, la sœur du défunt, sans avancer de preuves. Notre famille avait le sentiment que Mohamed allait connaître le même sort que Chokri Belaïd, a-t-elle ajouté, citant l'opposant anti-islamiste également assassiné par balles le 6 février dernier. Assez! assez! Nous ne pouvons plus vivre avec les barbus, a lancé chhiba, 50 ans, au domicile familial dans la campagne de Sidi Bouzid, berceau de la révolte qui a conduit à la chute de l'ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali Le parti Ennadha a rejeté ces accusations dans un communiqué et son chef a qualifié le meurtre de catastrophe pour la Tunisie et de grand choc pour la transition démocratique, dans une déclaration. Les commanditaires de ce crime veulent mener le pays vers une guerre civile et perturber la transition démocratique, a dit Rached Ghannouchi. Il y a comme une volonté d'empêcher les Arabes notamment les pays du printemps arabe à faire aboutir leur expérience démocratique, a ajouté M. Ghannouchi. L'assassinat de Mohamed Brahmi a eu lieu six mois après le meurtre de Chokri Belaïd, qui a été imputé fin février à un groupuscule islamiste radical. La famille de Chokri Belaïd avait aussi accusé Ennahda, qui a démenti toute implication dans le meurtre.