Le gouvernement a pris des mesures fermes pour lutter contre la contrebande de carburant, comme l'avait si bien affirmé, il y a quelques jours, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, appelant les citoyens des régions touchées par ce fléau à contribuer aux efforts des pouvoirs publics. Et c'est ainsi que le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, qui a présidé le 4 juillet le Conseil interministériel (CIM), "a ordonné une série de mesures à l'institution douanière et aux services de sécurité de l'Etat pour renforcer le contrôle dans les zones frontalières concernées par ce fléau ". Encore faut-il bien rappeler qu'il y a quelques jours seulement, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, avait reconnu à El Oued que la contrebande des carburants avait pris des proportions alarmantes, précisant que plus de 1,5 milliard de litres sont détournés annuellement d'une façon illégale vers l'étranger. "La contrebande de carburant est une gangrène pour l'économie nationale. Ça suffit", a déploré M. Yousfi dans une déclaration à des journalistes en marge d'une visite de travail à la wilaya d'El Oued. "Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d'une manière illégale. Cela représente un (1) milliard DA", a avancé le ministre, relevant qu'avec cette quantité, 600 000 véhicules tournent au-delà des frontières du pays. C'est alors que M. Henad Rezki, sous-directeur chargé de la lutte contre la contrebande à la Direction générale des douanes (DGD) a précisé que les mesures prises courant juillet visent essentiellement à lutter contre la contrebande de carburants mais aussi de produits de première nécessité, de cheptel, et des métaux ferreux et non ferreux, précise ce responsable. "C'est un phénomène qui persiste et prend de l'ampleur. Même si les douanes parviennent à déjouer quotidiennement ces opérations frauduleuses il n'en demeure pas moins que ces réseaux de contrebandiers sont bien maillés pour échapper parfois à notre vigilance", reconnaît M. Henad. C'est alors qu'il révèle que pour les cinq premiers mois de 2013, les douanes ont saisi 150 000 litres de carburants, dont 73 000 litres dans la wilaya de Tlemcen, mais ce qui échappe aux filets des douanes est beaucoup plus important et difficile à quantifier.
Mobilisation de 17 brigades opérationnelles mobiles Et là, il est important de signaler l'immensité des frontières algériennes qui s'étendent sur plus de 6 000 KM. Ce qui rend donc difficile le positionnement sur le terrain des services des douanes. Et pour parer à ce problème, le gouvernement devra instruire incessamment les services de sécurité et les douanes à coordonner leurs actions pour mieux occuper le terrain sur les frontières. "C'est une utilisation rationnelle des effectifs de la DGSN, des gardes frontières (GGF), et des douanes qui a été recommandée par le gouvernement pour resserrer l'étau sur les contrebandiers", précise-t-il. Il est donc tout à fait logique que l'institution douanière compte mobiliser tous ses effectifs de surveillance avec au total 17 brigades opérationnelles mobiles, dont l'effectif s'élève à 540 agents douaniers, qui assureront la couverture des frontières ouest avec le Maroc, fermées depuis 1994, et d'où transitent l'essentiel des carburants. D'ailleurs, ces brigades sont déjà déployées à Maghnia et Ghazaouet dans la wilaya de Tlemcen ainsi que dans les wilayas de Saïda et Sidi Bel Abbès. Concernant la frontière Est avec la Tunisie, l'effectif des agents chargés de cette mission de surveillance s'élève à 217 douaniers versés dans neuf brigades mobiles. S'y ajoutent 3 000 autres agents qui seront recrutés pour les 79 postes de douane et de surveillance (PDS) que la DGD est en train de réaliser dans le cadre de la mise en œuvre de son plan de modernisation. Ces agents recevront une formation paramilitaire, selon M. Henad. D'autre part, les services de sécurité et des douanes sont aussi appelés, en application de ces mesures gouvernementales, de saisir systématiquement tous les véhicules dotés de cachettes aménagées pour carburant ou d'un double réservoir. Les directions des mines dans chaque wilaya ont été chargées dans ce sens de réaliser dans le cadre du contrôle technique des fichiers sur les véhicules à double réservoirs aménagés en usine ou ceux réalisés d'une façon artisanale. Ce travail aidera les services de sécurité et des douanes à remonter aux réseaux de contrebandiers qui utilisent des véhicules à double réservoirs, monté avec des moyens de fortune. Il y a aussi la nécessité du contrôle au niveau des stations-service. Les modalités de présence des services de sécurité et des douanes au niveau de ces points de vente de carburant n'ont pas encore été arrêtées. Mais les gérants de ces stations-service seront instruits pour refuser de servir du carburant aux propriétaires de véhicules à double réservoir ainsi que de vendre de l'essence en vrac dans des jerricans. Par ailleurs, les "faux agriculteurs" qui alimentent les contrebandiers en grandes quantités de gasoil seront mis sous la loupe des services de sécurité et des douanes qui vont multiplier les enquêtes et les contrôles sur leurs activités frauduleuses. Une action qui sera menée en coordination avec le ministère de l'Agriculture, conclut M. Henad. Enfin, il est très important de rappeler que pas plus tard que mercredi dernier, le Premier ministre a appelé à partir de la ville frontalière de Tindouf les Etats maghrébins à coopérer pour sécuriser leurs frontières communes et à lutter contre le phénomène de la contrebande qui a pris selon lui "des proportions alarmantes".