La dernière mesure du ministère de l'Intérieur, en vue de tarir les "sources" d'approvisionnement en carburant à partir des frontières Est et Ouest du pays, semble avoir porté ses fruits. En effet les services de sécurité ont annoncé lundi avoir saisi une quantité de carburant destinée à l'exportation frauduleuse, et du matériel roulant servant à ce trafic au moment où une campagne de sensibilisation de la population aux dangers de ce fléau a été lancée. Dans la commune d'Aïn Zana, dans la wilaya de Tébessa, la Gendarmerie nationale a annoncé la saisie de 4.600 litres de carburants (gas-oil et essence). Destiné à l'exportation frauduleuse, ce lot est constitué de 200 bidons de 20 litres contenant 4.000 litres de gas-oil et de 30 bidons de 20 litres remplis de 600 litres d'essence, transportés à dos d'ânes (21 bêtes), selon la même source. La Gendarmerie nationale, qui a mis en place un dispositif de surveillance donnant lieu à la multiplication des patrouilles, a précisé que cette saisie avait permis l'arrestation de trois jeunes personnes qui seront déférées devant la justice. A Sidi Bel-Abbes, les éléments de la sûreté de daïra de Sidi Ali Boussidi ont saisi quatre véhicules utilisés dans le trafic de carburant, selon la sûreté de cette wilaya. Après examen, un expert des mines a constaté que les réservoirs de ces voitures ont été aménagés pour emmagasiner le maximum possible de carburant destiné au Maroc, a souligné la même source, ajoutant que leurs propriétaires résident à la ville frontalière de Maghnia. Les personnes impliquées dans cette affaire ont été arrêtés en flagrant délit avec la complicité d'un agent de la station violant l'arrêté du plafonnement de l'approvisionnement en carburant. Par ailleurs, la Sûreté nationale, la Gendarmerie et les Douanes ont lancé une campagne de sensibilisation dans la wilaya d'El-Tarf au sujet des dernières dispositions prises par l'Etat dans le but de lutter contre le trafic de carburant vers l'étranger. Parmi ces dispositions, figurent le plafonnement des quantités de carburants que les usagers peuvent se procurer auprès des stations et l'obligation faite aux gérants de ces stations de tenir à jour un registre des clients. Cette campagne qui vise la population de cette wilaya frontalière avec la Tunisie, met l'accent, selon ses initiateurs, sur la nécessité pour tout un chacun de prendre conscience de la gravité de la situation et de s'impliquer dans la lutte contre ce phénomène. Les services de sécurité, en plus des dispositions qu'ils ont prises, comptent sur la mobilisation de la population qui a été invitée à ne pas hésiter à dénoncer toute tentative d'exportation frauduleuse du gas-oil ou d'essence. Pour rappel, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, avait reconnu, il y a quelques jours, que ce trafic prend des proportions alarmantes. "La contrebande de carburants est une gangrène pour l'économie nationale. Ça suffit", a-t-il martelé. "Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d'une manière illégale. Cela représente 1 milliard de DA", a affirmé le ministre, relevant qu'avec cette quantité, 600 000 véhicules tournent au-delà des frontières du pays. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait, lui aussi, tiré la sonnette d'alarme. Il avait clairement qualifié ce fléau de problème "sécuritaire". Selon lui, "25% de la production nationale de carburants sont gaspillés et exportés illégalement".