Le vice-président de la commission européenne chargé de la justice et la sécurité, M. Franco Fratini, a annoncé, mardi dernier, qu'un nombre de 700 candidats à l'immigration clandestine en Méditerranée centrale et 1500 autres dans l'Océan atlantique à proximité des Iles Canaries ont été interceptés au cours des opérations de patrouilles maritimes conjointes de l'Union européenne. De surcroît, 1000 personnes ont été sauvées en mer et 20 passeurs ont été arrêtés, a ajouté M. Fratini au cours d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE. Il faut signaler qu'un usage fréquent de documents falsifiés, notamment 400 faux passeports et cartes d'identité était la révélation de ces opérations. Les documents falsifiés étaient récupérés au cours ces patrouilles coordonnées par l'agence de surveillance des frontières extérieures de l'UE, Frontex. Par ailleurs, dans le cadre du renforcement de la surveillance des frontières maritimes méditerranéennes, les ministres européens de l'Intérieur ont appelé à renforcer la coopération entre les Etats membres qui subissent une pression forte due à leur proximité avec les pays de transit et qui ont des difficultés avec ces pays tiers d'origine ou de transit. En outre, ils ont demandé à l'organe exécutif de l'UE ainsi qu'aux Etats membres de donner suite aux contacts établis récemment avec des pays tiers en vue de mettre en œuvre une coopération concrète dans le domaine du contrôle des frontières, de la recherche et du sauvetage ainsi que du retour notamment en matière d'identification et de documentation. En somme, les ministres soulignent la nécessité d'une coopération étroite avec les pays tiers d'origine et de transit, afin de renforcer leur capacité à gérer leurs frontières, à assumer leurs responsabilités en matière de recherche et de sauvetage, à lutter contre la criminalité organisée impliquée dans la traite des êtres humains, et mettre en place un cadre efficace pour les retours (expulsions), notamment par le biais d'accords de réadmission. Dans le même ordre d'idées et dans le but de rendre plus efficaces ces expulsions, les ministres de l'Intérieur ont recommandé aux pays membres de l'UE de recourir, s'il y a lieu, aux accords bilatéraux et aux canaux diplomatiques qui existent avec les pays tiers concernés, et d'encourager l'application des obligations en matière de réadmission énoncées à l'article 13 de l'accord de Cotonou. Au cours de la réunion ministérielle euroméditerranéenne qui se déroulera les 18 et 19 novembre prochain à Lisbonne, la présidence portugaise compte évoquer cette coopération avec les pays du sud de la Méditerranée, notamment les pays de transit. A plus long terme, les Etats membres et l'agence Frontex sont invités à mettre en œuvre des patrouilles maritimes communes en haute mer et dans un nombre limité de zones à haut risque, sélectionnées par l'agence Frontex avec l'éventuelle participation des pays non-membres de l'UE. Pour toutes ces missions, les représentants des 27 pays membres de l'UE ont convenu de renforcer les ressources nécessaires de Frontex. Il faudrait signaler que, selon un rapport rendu public par le parquet général de l'Etat espagnol, un total de 31.678 immigrés clandestins ont débarqué en 2006 aux Iles Canaries, contre 4.769 en 2005, soit une augmentation de 564%. Ces arrivées massives, à bord d'embarcations de fortune, dans des conditions exceptionnelles, ont choqué la conscience des Espagnols et provoqué une crise tant au niveau du système législatif de la mesure préventive d'internement des étrangers appelés à être rapatriés que celui des structures d'hébergement. C'est dans ce sens que le parquet relève que les centres provisoires d´hébergement des clandestins, installés dans plusieurs régions d'Espagne, ne répondent plus généralement aux conditions spécifiques des Centres d'internement des immigrés (CIE). Face à ces déficiences, le parquet propose la création d'une Direction générale chargée de gérer ces centres. Cette direction sera dotée d'un budget propre et de fonctionnaires qui formeront un corps professionnel et spécialisé à l'instar de celui travaillant dans les prisons. Il recommande également l'approbation d'une loi organique qui régulera le fonctionnement de ces centres et le statut des personnes qui y sont admises. Les côtes espagnoles ont enregistré depuis dimanche dernier un flux important de clandestins africains, dont des mineurs, à bord de cayuco et de pateras. 400 clandestins au total ont réussi ainsi à débarquer dans l'archipel des Canaries, sur les côtes andalouses et dans la région d'Alicante. Selon les autorités espagnoles, un grand trafic de drogue se cache derrière cette immigration clandestine. Le parquet général de l'Etat espagnol estime que ces pateras ou cayuco sont utilisés comme un subterfuge pour détourner l'attention des services de sécurité pour introduire de grosses quantités de drogue. En effet, un total de 450,8 tonnes de haschisch a été saisi en 2006 en Espagne, dont plus de 50% de cette quantité a été récupérée dans les côtes andalouses (sud), considérées comme principale porte d'entrée de la drogue marocaine dans ce pays. Devant cette avalanche d'immigrants clandestins, l'Espagne a annoncé mardi qu'elle lancera prochainement une grande campagne publicitaire au Sénégal pour expliquer les dangers de la traversée vers les côtes espagnoles. La secrétaire d'Etat à l'Immigration, Mme Consuelo Rumi, a expliqué que cette campagne qui sera basée sur des affiches, encarts publicitaires dans la presse, la radio et la télévision locales a pour objectif principal de lancer un message clair qui est "l'immigration clandestine ne conduit qu'à mettre sa vie en péril". Il s'agira d'une campagne qui sera destinée à dissuader les potentiels candidats à l'immigration clandestine. Elle sera notamment dotée d'un budget d'un million d'euros et durera un mois et demi, précise-t-on.