Les grèves en Algérie se succèdent, mais les revendications ne se ressemblent pas. En effet, aucun secteur ne déroge à la règle de la contestation sociale. En dernier lieu c'est au tour de l'entreprise d'Arcelor Mittal Annaba qui est depuis quelques années entrée en mouvement de protestation. Ce conflit qui oppose les syndicalistes et la direction de l'entreprise refait surface et au-devant de la scène médiatique, et ce, après une période d'apaisement. Ainsi, le courant ne passe plus entre la direction de l'entreprise et le partenaire social. L'administration du complexe a indiqué ne pas être en mesure d'assurer financièrement les augmentations de salaires proposées par le syndicat d'entreprise, qui menace de recourir à une grève si aucun compromis n'est trouvé dans ce sens. Ainsi, on peut dire que la tension est montée d'un cran au complexe sidérurgique. En effet, dans un message adressé aux travailleurs du complexe, la direction générale d'Arcelor Mittal-Annaba a indiqué que depuis 2008 l'entreprise traverse une période difficile, qui "ne lui permet pas d'assurer les salaires et le paiement de ses fournisseurs de matières et de prestation". Entre autres, la même source a indiqué que le partenaire social conditionne la signature d'un pacte de stabilité sociale par l'octroi d'une augmentation de salaires, alors que, selon elle, c'est le plan industriel discuté entre Sider et ArcelorMittal qui permettra de sauver le complexe et les emplois. Pour rappel, mardi dernier, M. Daoud Kechichi, secrétaire général du syndicat du complexe, a menacé de recourir à une grève si la direction générale ne procédait pas à une augmentation de 30% du salaire de base des 5.400 travailleurs qu'emploie le complexe sidérurgique. Le syndicat du complexe d'El Hadjar, détenu à 70% par le numéro un mondial de la sidérurgie ArcelorMittal et à 30% par le groupe public Sider, a également revendiqué la hausse de la prime de panier et celle de la femme au foyer. Les revendications des travailleurs d'El Hadjar ont partiellement trouvé écho auprès de la direction du complexe qui a seulement accepté une augmentation du salaire de base de 7% à partir du premier août 2013, une hausse qui sera suivie d'une deuxième augmentation de 3% applicable au premier janvier 2014 et conditionnée par l'objectif d'atteindre une production de 300 000 tonnes d'acier liquide sur les cinq prochains mois. La direction générale a également promis de modifier le système de prime de rendement en la portant à 20% du salaire de base et d'augmenter la prime de panier de 250 DA à 300 DA, soit 20% de plus selon le même document. Rappelant l'évolution salariale au sein du complexe, la direction générale a indiqué que le salaire moyen entre 2002 et 2013 a été augmenté en moyenne de 12% par an. Elle ajoute que la part des salaires dans la tonne d'acier produite est de 23% à ArcelorMittal Annaba, soit trois fois plus que la moyenne de la concurrence alors que la productivité est de 90 tonnes d'acier liquide produite par agent annuellement contre 1 000 tonnes chez la concurrence. "Ces données illustrent parfaitement l'effort continu de l'entreprise envers ses salariés malgré les faibles niveaux de productivité et le contexte économique difficile", se défend par ailleurs l'administration. Un plan de développement du complexe sidérurgique d'El Hadjar de 700 millions de dollars prévoit de porter les capacités de production de l'usine sidérurgique à 2,2 millions de tonnes d'acier par an. De plus, il est à rappeler qu'en 2012, le gouvernement Sellal avait refusé de renouveler la convention d'investissement signée avec l'indien Ispat (devenu ultérieurement ArcelorMittal). Le dossier de l'usine d'El Hadjar est très sensible, vu l'importance du secteur. Des informations de presse avaient fait état de la privatisation de l'usine. Le groupe de travail, regroupant les représentants du gouvernement, ceux d'ArcelorMittal Annaba et du groupe public Sider, avait, selon ces informations, adopté la feuille de route, sur la base de laquelle l'Etat algérien devra prendre une participation majoritaire de 51 % dans la filiale algérienne du géant mondial de l'acier. Toutefois, la crise au sein de l'entreprise ne semble pas connaître son épilogue…