Le parti islamiste tunisien Ennahda a rejeté une demande de l'opposition en vue de la formation d'un gouvernement non partisan pour sortir le pays précurseur des "printemps arabes" de la crise politique. Il a également invité l'opposition à ne pas se livrer à des spéculations sur un coup d'Etat militaire à l'égyptienne. Jugeant qu'un gouvernement apolitique n'aiderait pas la Tunisie à sortir d'une "situation délicate", le président d'Ennahda, Rached Ghannouchi, s'est dit ouvert à la constitution d'un gouvernement d'union nationale, mais à condition que tous les partis y soient représentés. "Ce qui se passe actuellement en Egypte devrait nous inciter à aller dans le sens du dialogue", a dit le chef de file d'Ennahda. Le président d'Ennahda a admis que le gouvernement de transition dominé par sa formation n'avait pas réussi notamment à améliorer la situation économique. "Nous avons commis des erreurs mais cela ne mérite pas un coup d'Etat", a-t-il fait valoir.
Critique par l'opposition Mercredi, le secrétaire général d'Ennahda, Hamadi Djebali, s'était dit favorable à la constitution d'un gouvernement constitué de technocrates. L'un des dirigeants du Front de salut national (FSN, qui regroupe une dizaine de formations de l'opposition), Jilani Hammami, a estimé que le refus opposé par Rached Ghannouchi annonce "une lutte de pouvoir avec l'opposition". "Nous n'accepterons que la dissolution du gouvernement. Nous allons accentuer la pression dans tout le pays et lancer une campagne pour obtenir le départ du pouvoir des islamistes", a-t-il également ajouté. De son côté, le secrétaire général adjoint de la puissante centrale syndicale UGTT, Sami Tahri, a dit que la position de Rached Ghannouchi allait "contre la volonté d'une large partie de la population".
Appel de l'Allemagne Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle a indiqué que "l'Allemagne sera toujours aux côtés de la Tunisie dans cette phase précise de son processus transitoire". "La Tunisie n'est pas seulement un simple partenaire stratégique mais c'est aussi le berceau du printemps arabe, et elle a besoin de soutien pour parachever tout ce qu'elle a entreprit depuis la révolution de la liberté et de la dignité ", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères au terme de sa rencontre avec le président de la République Mohamed Moncef Marzouki au palais de Carthage. Il a également fait part de sa conviction, que toutes les forces politiques et les composantes de la société civile parviendront à des consensus à même de parachever la phase transitoire. Westerwelle a indiqué que la recherche d'un compromis relève de la responsabilité toutes les parties. Il a également écarté l'idée que le scénario égyptien se reproduise en Tunisie, soulignant qu'il y a une grande différence entre les deux processus transitoire dans les deux pays. Le responsable allemand a également réitéré sa confiance dans la capacité des tunisiens à faire réussir leur révolution. Le chef de la diplomatie allemande a indiqué par ailleurs qu'il a présenté au président de la république provisoire plusieurs propositions pour consolider la coopération Tuniso-allemande. Ces propositions permettront, selon Westerwelle, de passer d'une relation bilatérale entre les deux pays à celle de partenaire stratégique. "Notre coopération dépasse le seul volet économique et nous poursuivrons ce partenariat entre la Tunisie et l'Allemagne ", a déclaré à cet effet le ministre allemand des affaires étrangères. Il a précisé dans ce sens que l'Allemagne est prête à consolider sa coopération avec la Tunisie au niveau sécuritaire et surtout au niveau du déminage, soulignant que l'Allemagne apportera à la Tunisie les techniques nécessaires et son expérience dans ce domaine. Le responsable allemand a affirmé à cet égard que l'Allemagne soutien la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme.