L'annonce officielle du nouveau gouvernement de transition en Tunisie aura lieu à la fin du mois en cours ou au début du mois prochain, au plus tard, a déclaré le président du mouvement tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, qui achève aujourd'hui une visite de trois jours en Algérie. Une visite au cours de laquelle il a eu des entretiens avec de hauts responsables algériens, à leur tête le président Bouteflika et le Premier ministre Ahmed Ouyahia, ainsi que des chefs de partis politiques. Rached Ghannouchi a précisé que «M. Hammadi Djebali est pressenti à devenir le premier chef d'un gouvernement de coalition nationale institué par la révolution tunisienne». Le responsable d'Ennahda s'est dit optimiste quant à l'avènement d'un gouvernement de coalition nationale qui «consacrerait les objectifs de la révolution, notamment la justice et la liberté». Après la tenue, aujourd'hui, de la première séance de l'Assemblée nationale constituante et l'élection de son président, un accord sera dégagé sur les lois régissant les autorités publiques, a précisé Ghannouchi, qui a ajouté que le chef de l'Etat chargera par la suite le président du groupe parlementaire ayant obtenu la majorité de former le gouvernement. Le chef du parti islamique tunisien, sorti grand vainqueur des dernières élections tunisiennes, a déclaré à Alger que son pays traversait une étape cruciale et qu'il avait besoin d'une concertation et d'un échange de vues avec l'Algérie qui jouit d'une «riche expérience», à l'issue de sa rencontre avec le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem. Les entretiens ont porté notamment sur la situation dans le monde arabe en général et dans les deux pays en particulier. Il a également affirmé que l'Assemblée constituante, qui doit se réunir aujourd'hui en Tunisie, permettra la reconstruction d'un Etat tunisien sur de «véritables bases démocratiques» reflétant la «volonté du peuple», lors de sa rencontre avec le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Boudjerra Soltani. La Tunisie, a-t-il dit, «attend cette phase importante de reconstruction de l'Etat qui verra la formation d'un gouvernement d'entente», conduit par le mouvement Ennahda avec deux autres partis importants (le parti du Congrès pour la République de Moncef El Marzougui, et Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar). Ghannouchi a, par ailleurs, rappelé que Hamadi Djabbali, le numéro deux du parti, sera le chef du premier gouvernement d'entente nationale de la Tunisie post-révolution. Il a estimé que cette alliance ne datait pas d'aujourd'hui car Ennahda militait, a-t-il rappelé, «aux côtés de ces deux formations contre la dictature». «La Tunisie veut édifier un modèle de société dans laquelle l'Islam n'est pas synonyme de terrorisme, de fanatisme, d'extrémisme ni d'hostilité à la démocratie». «Le modèle pour lequel la nation tunisienne milite à travers ses mouvements de réformes depuis le 19e siècle, est un modèle qui concilie Islam, modernité et démocratie», a-t-il encore soutenu. A l'issue de son entretien avec le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Rached Ghannouchi a déclaré avoir évoqué avec M. Ziari, les relations de coopération entre l'Algérie et la Tunisie et les moyens de les «renforcer et de les développer en vue de matérialiser l'unité maghrébine».